dimanche 16 septembre 2007

guru: un parcours épisode 29



C’est l’école catholique qui m’a rendu de gauche. De la petite section de maternelle, en 76, à la Terminale, en 91-92, que du privé.
D’abord, je pense, parce que même là on y racontait l’Histoire de France avec son sens. J’ai un souvenir un peu flou de la maîtresse de CM2 qu’on avait la moitié de la semaine (le reste c’était le directeur : frère Pierre) qui en hésitant nous avait brossé l’échiquier politique de l’extrême droite à l’extrême gauche, vu qu’on avait l’air d’y entendre que dalle.
Mais ensuite, le plus important, le plus déterminant, ça a été ma prof d’histoire de 4è et 3è.
Elle se définissait comme « anti-communiste primaire, secondaire et tertiaire ». Je me souviens de sa liste de conditions pour commencer à peut-être avoir le droit de penser que Gorbatchev n’était pas une pourriture comme ses prédécesseurs (retrait d’Afghanistan, élections libres dans les pays de l’est…) et de sa ou ses déclarations d’amour à l’endroit de Valéry Giscard d’Estain.
A la maison, pour ce que j’en devinais, ça votait aussi centre-droit. Me souviens aussi de cette diatribe enflammée de ma mère contre ces saloperies de socialos qui veulent partager l’argent qui n’est pas à eux. J’ai mis 15 ans à réaliser qu’à l’époque où elle disait ça, vu qu’elle bossait dans une usine, elle était ouvrière.
L’Histoire moi m’apprenait que les républicains, c’était mieux que les monarchistes, que les socialistes, c’était mieux que les républicains, et que donc, le communisme, ça devait être mieux que le socialisme. Au lycée St Martin, je lus « le Manifeste » et le « Capital » et me déclarai authentique communiste, ce que les soviétiques n’étaient pas. En 1989, c’était le bon moment. Ca me permit de choper un autre surnom : « Chen le survivant ».
Je me rappelle de ce gars plus vieux, donc plus au Lycée, rencontré à la sortie parce que pote d’un pote, qui me dit alors que l’autre me présentait comme coco (comme si j’étais un croisement entre une curiosité pathologique mentale et le représentant d’une civilisation primitive) que lui aussi il avait penché pour ça mais qu’à présent il se sentait plus proche des idées anarchistes. Je dis non, c’est sûr, pour changer les choses, on a besoin de l’Etat.
Ensuite j’ai aimé Alice. Elle trouvait ça bizarre que je ne connaisse pas François Cavanna, qui devrait me plaire, vu mes discours. Coup de bol, du Cavanna j’en trouve chez Carole (chez qui je trouverai aussi Bukowski, merci pour toujours). Donc je lis en commençant par « les Ritals » et jusqu’à « Maria ». Donc j’apprends l’existence de Charlie Hebdo autrefois, mais tiens, voilà que justement quelques semaines plus tard, ce journal se met à reparaître. Je deviens un assidu. Je fais signer des pétitions pour faire interdire le Front National. Et je découvre l’intérêt de Philippe Val pour l’écologie.
Ensuite viendront le Monde Diplomatique (94), Politis, Alter Eco (ma sœur est en B) etc…
A la fac, je me fais traiter de freudo-marxiste par le meilleur ami de Christophe, alors que je ne sais même pas qui est Reich mais qu’il semble que ce que je raconte va dans le même sens. Alors je le lis aussi.
L’IUFM. C’est là que le 3è Christophe se moque de ma croyance au progrès. C’est là que j’apprends à réciter un discours pour choper un 17 à l’oral du concours, en citant Vaneigem. J’ai découvert l’IS dans la deuxième moitié des années 90.
Et puis le boulot. Et puis Tiphaine.
Et puis un jour, j’offre à mon filleul « Stop ». J’ai cessé depuis longtemps de suivre Charlie Hebdo mais j’ai presque toujours voté écolo et continué à apprendre sur le monde comme il tourne. Ce bouquin pourtant fait déclic. Déjà parce que je me le rachète (Pardon : ma femme me l’offre). Et puis sa lecture-compilation d’infos disparates nous fout un coup.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
On se met à manger bio. On passe du Leclerc au Scarabée. C’est là qu’on découvre et qu’on achète S!lence. Qui nous parle de décroissance. De simplicité volontaire.
Aujourd’hui je pense qu’un des facteurs les plus importants dans ceux qui jouent pour changer de façon de vivre, c’est le niveau de conscience du constat.
J’aurais dû faire un long texte pour expliquer où on en est. Je ne sais pas. Débrouillez-vous.
Parmi tout ça, il y deux choses qui m’effraient particulièrement : le dérèglement climatique (que l’on appelle « réchauffement ») et la disparition des animaux.
Pour essayer de mettre un peu de simplicité volontaire dans mon mode de vie, à un moment je me suis fixé l’objectif de 5 disques maximum par mois.
A présent, je suis en dessous. Pas parce que ma volonté s’est trouvé renforcée, parce que nos revenus ont diminué : congé parental.
Mais je suis toujours nettement schizophrène. J’attends que ce congé se termine pour consommer plus. J’achète de la publicité (Noise, Magic…).
Et je me demande comment on vivra quand Loussine et Zélie seront adultes.

dimanche 26 août 2007

#20 (MP3) - LE CLUB - ROCK PROGRESSIF - 1ere Partie (1h21)


Emission consacrée au ROCK PROGRESSIF, 1ère partie, enregistrée en Août 2007. Présentée par Guru et E-Girl. Au programme Soft Machine, King Crimson, Caravan, Genesis, Jethro Tull, ELP, Gentle Giant ... à écouter sans préjugés !

à écouter ici,

ou à télécharger ici (clic droit).

samedi 18 août 2007

La route du rock 17/08/07

Je pars de plus en plus tard pour le Fort. Résultat j'arrive quand le monsieur de Voxtrot annonce qu'ils vont jouer un vieux morceau, le dernier. Même pas vrai, il y en aura encore un autre. Mais j'ai rien entendu, c'est toujours l'heure des retrouvailles et donc des discutions sur "c'était bien hier ? c'était bien le Palais ?" Tant pis.
Ensuite, Electrelane. Que Electro-girl aime tellement que son chat s'appelle comme ça. Alors je veux bien retenter d'apprécier. Ca donne: c'est chiant, c'est chiant, à peut-être que, bof non. Et en prime le détestable sentiment d'être refusé dans un club. Heureusement que je peux penser à Sleater Kinney et à L7 (qui passe dans la sono tiens) pour me dire que tous les groupes de filles ne sont pas obligés de jouer petit bras. Vache, j'ai peur de tourner macho.
Albert Hammond Jr. Guitariste des Strokes. Pour moi la révélation des dernières Trans. Parce que des très bonnes chansons. (oui messieurs Rock et Folk, y en a qui font encore des chansons).
Ben je m'ennuie, je dois être fatigué, ça doit être ça. Ah tiens, il fait la promo de la compil de Franck Black Francis, je chante un peu.
Sonic Youth-Daydream Nation. Presque 20 ans ! Bon on écoutait pas ça en 88, mais 3 ans après si. Moi je pense comme Ranaldo: sister c'est mieux. Mais DN, ça fait un concert plus long. Drôle de concept : un set dont on connait par coeur le déroulement, pains techniques mis à part. Ben c'est bien agréable malgré le dos qui commence à faire chier. On se demande toujours comment ils arrivent à jouer cette musique là, et du coup comment les autres groupes peuvent être aussi médiocres. Fin de l'album, je déconne avec Benoît sur les ghosts tracks et voilà qu'ils reviennent nous souhaiter la bienvenue au 21è siècle.
Il a une sale gueule le 21è. Leurs titres sont carrément moins bons, là c'est flagrant. Et après m'être demandé si j'étais anti filles, je me dis que je suis déjà un vieux con : Smashing la veille, Sonic Youth aujourd'hui, c'est moi qui déconne ou ce qui se faisait il y a 10 ou 15 ans était largement au-dessus de tous les revivals post-dance-punk de merde ?
Je vais me recoucher tiens.

vendredi 17 août 2007

La route du rock 16/08/07

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the Smashing Pumpkins










jeudi 16 août 2007

La route du rock 15/08/07

Ca commence à la maison, par la préparation. Deuxième année où l'habitation est à moins d'un quart d'heure, je décide de partir relativement tard par rapport aux années précédentes, ça me permet de manger avant, je n'aurais pas à choisir entre les frites et les pizzas. Désolé François, pour moi c'est pas de consommations sur place, juste un coca payé par Arnaud, très ponctuel, 18h30. On décolle 10 mn plus tard et on se gare, comme d'hab, dans le bled d'à côté, Chateauneuf. Il faut faire tout le tour à cause de l'entrée VIP de mes couilles et là surprise: deux bonnes files qui se dessinent derrière un car: c'est là qu'on installe les bracelets, juste à l'entrée, contrairement à ce qu'on connaissait. Résultat: 20 mn pour avoir le sésame aux couleurs des héros du soir.
Et Elvis commence à l'heure, on manque le début. (Bon anniversaire au fait).
Je manque aussi le reste car je tombe sur Guilhem, l'animateur en chef d'indéstructures, l'émission sur les labels indés de RCR, toujours aussi gentil et toujours aussi bavard. Me parle entre autres du festival qu'il a monté sur Rennes, Top of the folk. S'en ira ensuite pour faire les interviews des groupes.
J'entends quand même trois titres de Mr Perkins. Oui c'est bien, oui c'est vrai Arnaud c'est du réchauffé.Non Guilhem, je n'entends pas de Bob Marley dedans mais je te fais confiance. (le morceau en do sol, j'ai pas vu).
Ensuite Herman Düne. Ca fait des années que Magic! en fait des tartines alors pourquoi pas ? Ben parce que. Parce que moins bien que Calexico, moins bien que les Flying Burritos Brothers, moins bien... Et puis les dédicaces, ça va 5 mn. Pas la peine d'avoir un francophone pour qu'il soit juste longuet.
Ensuite ?
The National. Comme expliqué plusieurs fois aux copains, la réécoute de Alligator l'après-midi même me met le doute en tête sur la pertinence du lieu pour produire cette musique. Intimiste sous la flotte en plein air en Bretagne ? Ben en fait, comment dire ? Ils effacent la différence que font les anglo-saxons d'habitude entre pop et rock ? Disons qu'ils la jouent à l'énergie et au bruit, ce que je n'avais pas du tout imaginé.
Et puis surtout qu'ils sont absolument bons. Ca fait deux ans que je connais et que j'adore la voix de Matt Berninger. Là je le découvre tout serré quand il braille. Je pensais à un crooner revenu de beaucoup. Je vois un fêlé, mais pas au sens timbré, au sens de "y a quelques chose d'un peu cassé dans le dedans". Et encore plus beau dans les graves que tout ce que j'avais pu attendre.
Plus les deux orfèvres aux guitares (dans le bruit aussi donc), et demi avec le tromboniste. Plus le meilleur batteur de groupes de pop que j'ai jamais vu (tout simplement incroyable ce type-là, jamais focalisé comme ça sur le gars aux futs dans ce genre de musique). Etre capable de produire ça, cette beauté, cette justesse, ces équilibres, cette force, avec le vent, devant un public clairsemé d'imperméables, il faut au moins être de New York. C'est là que sont les meilleurs groupes du monde.
Content de reconnaître des morceaux, content de découvrir les autres, content, content ...
Après ? Art Brut. Un grand bavard qui faisait plus mince avec sa veste (tiens faudra que j'essaye) accompagné d'une bouillabaisse. Paraît qu'on trouve des recettes avec plus de 40 poissons. Je vais m'assoir.
Donc je tiens jusqu'à the Go! Team, que j'ai très envie de voir pour cause de bon souvenir à la télé. Mais Cendrillon se transforme. Ou comment avoir au troisième morceau CSS avec un jour d'avance. Je me casse.
Dodo, réveil à 7h30, Rennes à gagné contre Saint-Etienne. Je sors Mellon Collie.

mercredi 27 juin 2007

Vocations ?

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Découverte...

Et maîtrise :
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mercredi 20 juin 2007

samedi 16 juin 2007

Mr B : un parcours épisode 2











Higelin, Champagne pour tout le monde (1979)


Donc Mr B grandit, déménage régulièrement et découvre plein de choses étonnantes et fondamentales dans la grande famille de sa maman (quatre tantes et un oncle, tous avec des personnalités pas piquées des hannetons, il y avait de quoi faire)

Ce sont les BD qui me reviennent d'abord. Des BD bien différentes des Spirou, Tintin et autres Lucky Luke qui occupaient les longues après midi chez papi/mami. Des BD qui ouvrent de grandes brèches dans mon champ des possibles.


Dans les fabuleux Philémon de Fred, je découvre avec délice cet incroyable mélange de poésie absurde et de jeux avec les codes graphiques. Puis le mélange de sensualité et de violence extrême des passagers du vent de Bourgeon me terrasse et enfin la foire aux immortels de Bilal m'achève avec ce graphisme extraterrestre et ses compositions invraisemblables. Je crois bien que j'ai du contempler la planche où Nikopol se fait greffer une jambe en acier par Horus un bon million de fois avec la même fascination.


Et puis en lisant tout ça on peut mettre des disques.




Manset
d'abord, dont l'univers et la rage mélancolique continuent de me fasciner. L'album Y'a une route (1975) me charme par son énergie très rock et ses paroles à la fois très accessibles et intrigantes. Ensuite l'étrange et sublime opéra rock la mort d'Orion (1970) me stupéfait. Ha ouais, mais on peut faire ça en musique en fait ?!?


Mais celui qui va le plus me marquer et avec qui je vais faire un bon bout de chemin, c'est Jacques Higelin. Je suis conquis d'entrée par la magnifique pochette décado flashy de Champagne pour tout le monde, c'est vraiment un des premiers albums que j'apprends à écouter en entier et où le plaisir vient aussi de l'enchaînement entre les morceaux.

Pour commencer un morceau parfait Champagne, sorte de salsa du démon à la puissance mille dont la ligne de basse diabolique porte à merveille le débit emphatique du grand Higelin. On se calme sévère avec les hypnotiques et lancinantes cinq minutes de Cayenne c'est fini. Déboule ensuite guillerettement une de mes chansons préférées toutes catégories confondues tête en l'air et son final en forme de comptine qui continue toujours de me trotter dans un coin de la tête. Puis surgit à fond les manettes dans mon aéroplane blindé, sa rythmique diabolique et cette contrevoix extraordinaire qui se crashent dans une splendide conclusion. Le très discoïde ah la la quelle vie qu'cette vie peut paraître un poil plus faible mais c'est pour mieux se préparer au summum de l'album l'attentat à la pudeur. Cette pièce de boulevard délirante exécutée à 1000 à l'heure sur une boucle piano/guitare irrésistible est un pur bonheur qui après chaque écoute me voit chantonner à tue tête pendant des semaines « C'est un attentat à la pudeur, dont je me vante devant ma soeur ». Derrière ça le petit exercice piano bar Hold tight (sea food) trouve sa place parfaite. Le seul vrai point faible du disque arrive avec un Captain bloody samouraï avec des soli de guitare perraves et un Higelin complètement hors sujet. Heureusement l'ode à la paresse vague à l'âme vient conclure le tout avec légèreté.

Après ça j'ai suivi le bonhomme avec assiduité pendant un bon bout de temps, me délectant de ces lives généreux et fantasques, adorant l'imprévisibilité d'album comme (1985). Je lâcherai le morceau sur un tombé du ciel (1989) qui m'avait beaucoup déçu. Reste que je dois au gars plein de choses et que pour ça il a mon éternelle sympathie.

vendredi 15 juin 2007

Le parcours du Buggé ..2ème



Je suis en 3ème...et il faut que je resitue le contexte :
1986 : il y a des manifs étudiantes contre le projet Devaquet . Mon frêre, toujours
aux idées longues, est secrétaire général d'un syndicat étudiant (PSA, pour un syndicalisme autogestionnaire) et est en grève. Il me parle d'un groupe fort apprécié de ses potes libertaires : Bérurier Noir ...moi, je lis San Antonio et le nom me plait ...
Je me rends, un Samedi, aux Puces de Clignancourt où sévit un disquaire de vinyls très bien achalandé..J'y achète Concerto pour Détraqués et je rentre chez moi.
J'ai 14 ans encore, je pose la galette sur la platine et là, je me prend une baffe..
La musique minimaliste, brute, animale, l'énergie, le discours ....pfff...
Evidemment, je commence à fouiller dans le passé (pas facile de trouver des infos..enfin pas dans Best ou Rock and Folk ) mais finalement je découvre que ces gens là viennent du punk...ah ouaiiis ....et qu'aujourd'hui, en France, on appelle ça le Rock Alternatif ...
Quand j'arrive au lycée, je ne suis pas le seul ...les fans ne sont pas nombreux et on forme vite une bande ...
Le Rock Alternatif bat son plein et je suis dedans malgré mes 15 ans...Ludwig Von 88, les Satellites, OTH (surtout), La Mano negra, Parabellum..Tous sont ici et maintenant, ici à Paris et maintenant en 1988 ...
Des concerts, plein, tout le temps avec comme public tout ce que Paris comptait comme zonards, drogués, paumés....la Lie de la société....chauds, les concerts mais j'y étais...là où ça se passait..le Punk de Paname ....
Les Beatles et Neil Young sont au fond de mes tiroirs ...chut ..Léonard Cohen, c'est la musique à papa ...

Et puis, evidemment, j'achete le Sex Pistols (en Angleterre, s'il vous plait ...) et puis le Clash ...et je deviens le plus grand fan du Clash de la terre ...j'en ai plein ma chambre ...et le Clash m'ouvre l'esprit, au reggae, au rythm'n blues, au Rock'n Roll même ...je ressors même mes vieux Rolling Stones ..
le Clash,c'est l'essence même du Punk, pour moi ...




Hou la la ..le Hardcore ..Je suis encore en 3ème quand j'achete "In God We Trust" des Dead Kennedys ...C'est quoi ce truc ? un maxi 45tr d'1/4 d'heure, 8 morceaux ...pfff..ça va vite ...j'adore mais je suis en plein Rock Alternatif alors c'est pas le moment ..c'est juste en parallèle, en attente ..mais le temps passe, les Bérus, c'est fini, la Mano a trahi..c'est la fin ...
Moi, je reprends là où je m'etais arrêté..et c'est le Hardcore ..
C'est un article du Monde Libertaire qui me parle de Black Flag et d'Henry Rollins ...Mon Henry ...
et puis c'est Minor Threat, mon Ian et Dischord (déjà et toujours) ...
Et puis, c'est le même refrain, vous voyez ce que je veux dire, on cherche, on fouille, on déniche les influences, les descendances ...plutot prolifique, la famille ...
Je pourrais citer des centaines de groupes ...Fugazi, je découvre en 89-90..
ça va moins vite mais quelle intensité ....
Les années 90 arrivent ..tout aussi intense ....

dimanche 10 juin 2007

E-Girl - Un parcours : épisode 2


Françoise Hardy - Le premier bonheur du jour

Un jour une amie de ma sœur a dit en rentrant chez nous : « je croyais que c’était la radio ». En réalité, c’était la voix de ma mère qui chantait. J’aime imaginer qu’elle fredonnait Françoise Hardy.
J’étais petite. Je la regardais repasser, assise sur une chaise dans la cuisine. En l’écoutant raconter que c’était ainsi que Françoise Hardy avait écrit son premier album : la guitare sur les genoux, en regardant sa mère repasser. Ca me faisait rêver. Même si de mon côté, je n’avais pas de guitare. J’en ai conçu une inexplicable parenté d’âme avec cette jeune femme qui regardait, comme moi, sa mère manier le fer pendant des heures.

Je ne sais plus comment j’ai découvert ses disques. Je crois d’abord par la voix de ma mère. Puis par une cassette avec plein de titres d’entre 62 et 67, avec souvent une guitare seule et sa voix. Je pouvais les chanter des heures sans jamais me faire mal. Des chansons souvent toutes simples, à l’orchestration parfois presque joyeuses (« Va pas prendre un tambour », « Dis-lui non », « J’suis d’accord »), mais aussi mélancoliques, qui disaient les soucis amoureux de l’adolescence (« Ton meilleur ami me téléphone tous les soirs, il me dit qu’il m’aime... (...) Ton meilleur ami quand je lui demande pourquoi depuis des jours des nuits, je suis sans nouvelle de toi... »), ou ceux du temps qui passent (« La maison où j’ai grandi »). Trois minutes, souvent à peine terminées. Juste le temps de la simplicité. J’avais aussi une cassette que mon parrain (un homme fragile que j’aime très fort) était allé me chercher dans sa boîte à gants. Dessus, il y avait « Mon amie la rose », que j’avais écrite, le doigt sur le bouton pause de mon radio-cassette.
Depuis, la voix de Françoise Hardy me calme. Même encore maintenant. J’aime ses disques d’avant, à la simplicité désarmante, ces titres qui frisent le génie - Comment te dire adieu -, ceux de maintenant (« Le danger » en tête, ou « Contre vents et marées »), mais pas ceux du milieu aux orchestrations ’80 (type mauvaise variété). De ces derniers, je ne voudrais garder que la voix et ce qu’elle dit. J’appris plus tard, avec bonheur que les anglo-saxons qui nous faisaient rêver la connaissaient et l’admiraient eux aussi (elle le leur rendait bien).

Il y a quelques temps, j’ai découvert une allemande, Sybille Baier, qui avait composé une dizaine de chansons dans les années 70. Elle les avait écrites pour elle, pour les siens, en revenant d’un voyage à Gênes. Et puis 30 ans plus tard, son fils les a fait écouter à un label qui, pris par le folk de cette voix nue posée sur une guitare en arpèges, a décidé de sortir le disque. Trois décennies plus tard. Histoire de faire entendre cette voix au monde entier.
Sans Françoise Hardy et sa timidité, je serais peut être passée à côté de la grâce de cette autre voix, j’aurais sûrement ignoré cette vie perdue au milieu du tumulte des années 70, cette jeune femme qui s’enregistrait seule sur son quatre pistes. J’aurais sûrement ignoré la beauté des ronds dans l’eau. Celle des premiers et du dernier bonheurs du jour. Celle de Suzanne. Celle des baptêmes de rosée qui voient la naissance des roses de nos jardins. Celle souvent cruelle de l’éphémère...

Sans filet. Douce et vulnérable, sa voix murmure : « Où sont les pierres et où sont les roses, toutes les choses auxquelles je tenais ? »

Elles sont ici. Dans ses paroles et cette voix fragile. Presque saisissables dans leur nudité. Elles sont ici, enfin retrouvées.

Mr B : un parcours épisode 1










le grand orchestre du Splendid, la kermesse égyptienne


*** avertissement préliminaire ***

Avant tout de chose, je tiens à vous avertir que mes émotions artistiques les plus intenses, mes chocs esthétiques les plus renversants ne me sont jamais venus de la musique. L'art qui m'a construit, le truc qui me baboule dedans dehors encore régulièrement, c'est le cinéma. Je pleure à chaque vision de la ruée vers l'or (putain, le moment où Charlot attend la fille comme un con tout seul dans sa cabane pourrie... Bouhouhouhou). Aucun disque ne m'a marqué comme la première vision de Taxi Driver ou Chinatown.

***ceci dit essayons nous tout de même à l'autobiographie musicale***


Chez Les B, il y avait pas mal de vynils. J'adorais le moment où on posait majestueusement la galette sur la platine avant de s'essayer à la science ingrate et délicate du dépôt de saphir. Ça me manque, tiens.

Il y avait dans les étagères des compilations des chants de l'armée rouge, autres chansons révolutionnaires d'Amérique du sud mais je ne me souviens pas les avoir écoutées ne serait ce qu'une seule fois.

Non, ce qui passait en boucle, c'était Brel et surtout Brassens. Ses textes alambiqués aussi obscurs que les calembours d'Astérix laissaient deviner que bien des choses étaient encore à comprendre. En grandissant et au fur et à mesure des écoutes le mystère se dévoilait par petits bouts me laissant hébété de fierté d'avoir assemblé deux pièces de puzzle ou rougissant face à la polissonnerie de certaines révélations. Pour certaines références, je cherche encore.

Il y avait aussi des disques neufs : André Chédid, Balavoine dont les parents achetaient régulièrement le nouvel album. Il y avait surtout la compilation rouge des Beatles dont je me repassais en boucle Yellow submarine et You can drive my car. Mon père évoquait presque à chaque écoute la rivalité entre Stones et Beatles et ses premiers apprentissages de la langue de Keats en lisant les paroles dûment recopiées sur la pochette.

Sur le petit mange disque orange passaient les disques des enfants : les fabuleuses fabulettes d'Anne Sylvestre, les petites boîtes de Graeme Allwright, les grenouilles de Steve Waring et une sélection de Brassens toujours, destinée aux kids (avec le petit cheval blanc et la cane de Jeanne, bonjour le moral des mômes). Mais les 33 tours du grand orchestre du splendid ceux là ils ne rentraient pas dans le mange disque, mes parents durent donc subir sans échappatoire possible les 3 milliards de fois où retentirent la salsa du démon, radio pirate ou Macao.

Pour notre premier concert les parents avaient emmené les trois frangins B à un podium France inter sur le port de Paimpol où Francis Lalanne présentait son nouvel album. Je me souviens juste que nous avions été tellement chiants que nous étions partis avant la fin.

Pour finir comme on écoutait aussi beaucoup la radio, j'avais une drôle d'obsession qui m'a occupé pas mal d'après midis. J'essayais de m'enregistrer des compilations de musique sur cassette (donc en coupant les temps de parole à la main, tâche totalement frustrante et impossible à faire proprement). J'essayais surtout de trouver un genre de musique que j'avais en tête mais que je n'arrivais absolument pas à définir. Il y avait là dedans des envies de guitare et de Rock n Roll mais aussi quelque chose de bien plus précis et insaisissable que je mettrai bien longtemps à trouver.

dimanche 3 juin 2007

Le parcours de Bug







Mes premiers émois musicaux remontent au CM quelque chose ...la maîtresse nous avait initié à la musique classique..Beethoven, Strauss,
Smetana (la Moldau) .. ..On avait même le droit à des sorties au concert de l'orchestre du coin qui nous jouait (surement) Pierre et le Loup,
ce genre de truc ..En bon élève, j'avais fait acheter à mes parents
les cassettes des compositeurs en questions, que j'écoutais
le soir sur un magnéto-cassette que j'avais ...en métal gris,
un truc génial, avec les touches Play, Rewind, FF (?),
même Rec , le bouton rouge ...moins bien que celui de mon frêre, avec
du plastique noir, qui faisait bzzz en ouvrant le tiroir pour mettre la
dite cassette ..(forcément mieux puisque c'etait celui de mon frêre ...).

Il y avait aussi de la musique dans le salon familial, quand, en
fin de journée,
avant le repas, mes parents prenaient le temps de lire un peu.
Léonard Cohen, Bob Dylan
, des trucs québécois,
Beau Dommage, Le Forestier
, bref plutot du Folk,
un peu hippisant ... l'ambiance était chaude, chaleureuse et sereine...

La révélation vint à mon 12eme anniversaire ...Nous sommes en 1984
et mes parents m'offrent un élctrophone ...pour les plus jeunes :
une platine vinyle avec une enceinte ...et un 33 tr : Help des Beatles ...

Je l'ai toujours, evidemment ..c'est résistant, un vinyl,
finalement ...je l'ai passé des centaines de fois, je crois .. .
J'ai enchainé avec le
Double Rouge des Beatles, toujours ...j'ai appris l'anglais avec eux ...
le double Bleu, c'etait en cassette .... bref, une influence et
un respect sans borne ...






J'ai profité de mon électrophone pour emprunter certains
vinyls au frêrot ..Neil Young, evidemment, surtout le triple
album, Decade, que je lui ai volé quand j'ai quitté le foyer ...
( il me l'a rappelé en me disant qu'il l'avait racheté en CD....
moi aussi, d'ailleurs ..) mais aussi AC/DC ...il les avait tous à
l'époque ...et beaucoup de Hard Rock de l'époque (Iron Maiden,
Meat Loaf, Black Sabbath
..).....mon frangin avait les cheveux longs
..(mais les idées aussi... )...balançant entre le folk hippie et le Hard..




Je crois que c'est pour mes 13 ans qu'il m'a offert des albums de Dylan ..le Freewheelin', le Desire, le Highway 61 et même le Nashville Skyline
(rapport à la parodie de Gotlib, dans Hamster Jovial , pour les connaisseurs ...) ...

Autant dire qu'en entrant en 6eme, j'etais un extra-terrestre ...petit,
un peu gros (si si ...), fan de Dylan et des Beatles. Les filles, les plus
mignonnes etaient fans de Madonna ...qui ? ....

On entrait dans les années 80 ....





En même temps, j'ai un cousin ( Jocelyn, il s'appelle..) qui a une grande soeur
(Chrystele..) qui est à fond dans la New Wave mais pas seulement ... :
The Police
, surtout, mais aussi Joe Jackson, The Specials, Dexy's
midnight Runners
, Bob Marley, Simple Minds, U2, Dire Straits,
The Cure
...etc .. Avec Jocelyn, on écoute le Top 50 sur Canal+ et on se
fait des blind tests .....on s'echange des disques, on s'enregistre des cassettes .... J'adore Police, Joe Jackson, The Cure, Dire Straits...Les Specials et
Dexy's
auront un impact, plus tard dans mon parcours ..

Tout ça m'a préparé à prendre la grande gifle de ma vie :
le Punk ...

dimanche 15 avril 2007

A song, a day. 07/04/2007

Pole - Warum

J'ai complètement craqué sur la pochette, un bleu polaire, le Neuschwanstein au milieu des neiges, un décor féerique... Le titre de l'album : Steingarten, cioè le jardin de pierre...

Et pourtant, sa musique ne me laisse ni de marbre, ni de glace. Le titre du jour inaugure l'album par une question (warum ?). Des craquements, des crépitements, un souffle et une boucle répétée qui revient inlassablement : warum, warum... Il faut attendre plus de deux minutes avant qu'enfin un nouveau riff (au synthé) vienne lui répondre par une mélodie claire, réhaussée par une basse profonde. Aussitôt, un sample tout en disto vient rappeler la question en la développant (on est bien d'accord, j'en sais rien, j'imagine). Derrière ça s'agite tout pareil, des stridences, des grésillements et des craquements insolites. Une architecture soignée et savante. On rentre dans la musique de Stefan Betke comme dans le château de Louis II de Bavière : "je veux donner une dimension spatiale à ma musique, la rendre saisissable à tel point que l'auditeur ait l'impression de visiter des pièces, de découvrir des passages dérobés et des chambres cachées" explique Pole... Une musique spatiale ancrée dans un jardin de pierre, en somme...


Repère :
Quand Stefan Betke a sorti en 1998 son premier album 1, le microcosme électronique a ressenti une immense secousse. Cet opus mêlant expérimentations, dub urbain, craquements, cliquetis et souffles s'est vite imposé comme la première pierre d'une voie nouvelle pour l'électro. La préfiguration entre autre du mouvement click'n cuts (voir Mille plateaux et consorts). Bekte a d'ailleurs créé à cette époque (avec Barbara Preisinger) le label ~Scape. Son son novateur vient pourtant (comme souvent en musique) d'un accident. Gudrun Gut et Thomas Fehlmann lui avaient donné un filtre Waldorf-4-Pole endommagé par une chute. Betke trouva pourtant les sons produits par cet appareil défectueux séduisants (une sorte de craquement et de cliquetis régulier associé à un bruit d'électricité statique) et il y puisa la source de ces expérimentations sonores (voir 1, donc, mais aussi 2 et 3)-ainsi que son pseudo-. Tout ça, associé à un amour insondable pour le hip hop et le dub et à un veritable souci de minimalisme ("how can one extract the most intensity from the least amount of material as possible"), fera de Pole une des "têtes chercheuses" de la musique electronique. A signaler encore : l'album Pole datant de 2003 dans lequel ce berlinois d'adoption abandonne les sons statiques et invite un rapper à poser sa voix sur ses constructions habiles et insolites.

jeudi 12 avril 2007

E-Girl - Un parcours : épisode 1


The Beatles - Beatles Ballads

Pas de souvenirs de chocs mélodiques ou d’une quelconque épiphanie musicale. Pourtant à la maison, des disques, énormément. Mais que du classique et surtout... De l’opéra. Des rayonnages entiers de vinyles, cassettes (puis CD). De l’opéra tous les jours, dans toute la maison. Et surtout le samedi matin, jour de ménage, où les coups de balai passé contre la porte au son de Verdi nous réveillent inlassablement. Avec ma sœur, on fait tout pour y échapper. En vain ! Seul morceau "classique" à trouver à nos yeux une quelconque grâce et surtout une liberté jouissive : le final de L'enlèvement au sérail ; les seules fois de nos vies où nous sommes autorisées à sauter sur le canapé en rebondissant sur nos fesses. Des cymbales héroïques que je cherche absolument à reproduire à l’époque avec les couvercles de la cuisine. Comme premier épisode, j’aurais donc pu choisir un opéra ou une pièce classique... Mais si je suis honnête, mes vraies amours pour le style (Rachmaninov, Mahler ou le Faust de Gounod) ne sont que bien plus tardives. J’aurais aussi pu parler de Claude François (qui je l’apprendrai plus tard, terrorisait le petit Mr. B. alors que moi, je jouais sa ré-incarnation en dénichant mes 2 plus fidèles claudettes –ma sœur et Delphine, contraintes et forcées, mais qui s’exécutèrent pendant des mois parce que j’avais deux ans de plus- puis en en embauchant quatre autres filles –les claudettes étaient 6- dans la cour de récré pour des répétitions quotidiennes, voir tri-quotidiennes !) ou de Patricia (Kaas, D'Allemagne, déjà...). Je me souviens avec amour de notre disque d’Anne Sylvestre (avec « il fait un froid de lou-ou-ou-ouhouhoup, maman prends moi sur tes genoux » et l’escargot Léo). Mais mon premier épisode sera celui d’une confession honteuse.
Alors que papa faisait des bonds horrifiés (il en fait toujours) s’il avait le malheur d’entendre une batterie ou une guitare électrique (et menaçait même d’envoyer tout le monde dans le fossé si un tel son sortait de l’autoradio), maman avouait de son côté avoir aimé les Beatles dans sa (proche) jeunesse. Aussi, lorsque mon père me permit pour la première fois de prendre une cassette sur sa carte de bibliothèque, je m’emparai de la double compilation « rouge » des Beatles, les yeux brillants. En rentrant, je montrai triomphante ce que j’avais ramené, les yeux pleins d’amour à ma mère... Avant de glisser l’enregistrement dans mon radio-cassette, je vénérais déjà l’objet, sûre d’entendre le truc le plus beau de la Création. Ce qui se passa quand je pressais le bouton play fut pourtant complètement différent. Aussitôt un effroyable son de casserole (du moins c’est ce que mes oreilles entendirent à l’époque) remplit la pièce et je ne tins pas plus de deux chansons. Du haut de mes 8-9 ans, je prétendis avoir a-do-ré : il n’était pas question de mettre mon amour pour ma mère en question.

Quelques années plus tard, il n’était pas plus question de mettre en doute mon amour filial dévoué. Lors d’une de nos premières virées à la FNAC, je choisis donc de réitérer en ne m’avouant pas vaincue. Je choisis une cassette des Fab Four avec l’aide de maman : ce n’était même pas un album, juste une compilation. Mais pas n’importe quelle compilation, une compilation des titres que justement ma maman préférait. Beatles Ballads, ça s’appelait. Que des titres doux et calmes... Et à force d’écoutes, le miracle se produisit enfin... Moi aussi j’aimais les Beatles ! Et maintenant quand on me demande ce que je préfère chez les Beatles, j’ai toujours envie de répondre Beatles Ballads (que personne ne connaît bien sûr)... A cause de “She’s leaving home” (mon titre préféré !), “Here comes the sun”, “the fool on the hill” ou “here there and everywhere”...
Il m’arrive aussi de répondre la « double compilation rouge » (qui fait se retourner les puristes qui ne jurent qu’ « après le double blanc » !!!), histoire de faire un pied de nez à mes terreurs enfantines...

lundi 9 avril 2007

A song, a day. 30/03/2007


Sleater Kinney - Jumpers

Voilà plusieurs jours que je reviens inlassablement à ce titre. J'écoute autre chose, d'autres disques, mais invariablement depuis quelques semaines, je reviens à ce "vieux" morceau de Sleater Kinney (elles nous manquent). Jumpers, le bien nommé, qui fait bondir toujours plus haut. Morceau de leur dernier album, The Woods, qui date de 2005, à l'énergie brute. J'ai regardé le clip des dizaines de fois. Une fille qui ressemble un peu, de très loin, à Carrie (Brownstein, l'incroyable guitariste du groupe), coincée dans un bureau et une vie de con, découpe les fenêtres d'enveloppes vierges et les colle toutes ensemble... On comprend plus tard qu'elle se fabrique des ailes... Le morceau commence par une intro addictive aux guitares et les lyrics enchaînent : "I spent the afternoon in cars, i sit in traffic jams for hours" et on comprend vite la claustrophobie dont il est question : la solution est dans les airs... "The sky is blue most every day, The lemons grow like tumors they, Are tiny suns infused with sour (...) the only substance is the fog And it hides all that has gone wrong". La batterie martèle pour lancer le refrain... On ressent l'urgence. "The coldest winter I ever saw Was the summer that I spent..." résonne comme un dernier appel. Suit le retour des guitares addictives qui rappellent combien l'air est oppressant... Puis le solo. Energisant. Jumpers...? Est ce qu'il s'agit de sauter du toit de l'immeuble avec ses ailes de cire ? Ou bien seulement de songer à s'évader et de prendre sa vie en main ("Sing your song loud So the people can hear"). A leur tour les guitares et la voix de Carrie martèlent l'urgence : "You're not the only one, let's go". Dans le clip, la jeune fille saute et s'envole :


"My falling shape will draw a line


Between the blue of sea and sky


I'm not a bird


I'm not a plane"...


Une dernière accalmie dans le morceau pour l'envol... Puis tout s'achève dans le cri mêlé des voix de Corin et Carrie, de leurs guitares et de la batterie rugissante de Janet :


"4 seconds was the longest wait".




Repère :

Je suis moins bien placée que The Hostess pour résumer Sleater Kinney en quelques phrases. C'est elle qui me les a fait connaître après son coup de foudre sur le web et son voyage à Portland pour aller les voir en concert. Sleater Kinney est donc un trio féminin (deux guitares, une batterie) de Portland qui était dans la mouvance punk et riot grrrl des années 90. Elles ont sorti plusieurs albums (Sleater Kinney 1995 et Call the Doctor 1996 sur Chainsaw records, Dig me out 1997, The hot rock 1999, All hands and the bad one 2000 et One Beat en 2002 sur Kill rock stars, et enfin le dernier The Woods sur Sub Pop en 2005) aux guitares puissantes et abrasives, à la batterie brute et aux voix écorchées. Sleater Kinney c'est du brut et du mélodique. Sadly, à la fin de la tournée de The Woods, malgré un succès moins confidentiel et une reconnaissance de plus en plus unanime, le trio indie-power-rock a annoncé la fin (ou tout au moins la mise en sommeil) du groupe. Restent leurs disques. Et ce morceau à écouter très fort... Je ne suis pas prête d'arrêter d'y revenir.

A song, a day. 15/03/2007

Au revoir Simone - Fallen Snow

Il y a quelques temps, lorsque The Hostess a découvert la Blogothèque, on s'est fait une soirée de concerts à emporter à visionner sur son Mac. Parmi les concerts improvisés (je vous rappelle le principe : inviter des artistes à se produire dans un endroit insolite, dans des conditions minimales et en acoutisque, et les filmer avec prise de son ambiante puis les mettre en ligne sous forme de podcasts vidéo intimistes que l’on peut télécharger), j'ai particulièrement flashé sur trois jeunes femmes derrière des petits claviers qui chantaient des harmonies intimistes sur des mélodies totalement lo-fi... Juste trois petits synthés et leurs trois voix. Je m'étais souvenue de leur nom aux consonnances françaises, me jurant d'y retourner voir. Et puis la nouvelle de la sortie du nouvel album du trio féminin a vite suivi. De là, Fallen snow... Trois voix féminines à la pureté pop envoûtante. Pop et mélancolique. Douce et ensorcelante, cette Fallen snow illumine un peu ma journée en venant discrètement se glisser dans mes oreilles...

Repère :

"Heather, Annie et Erika sont trois jeunes filles vraiment charmantes, plutôt très jolies, qui semblent sourire à chaque phrase que l’on prononce, et dont on se demande si elles nous ont écouté ou si elles avaient la tête ailleurs" commence Vincent Moon. Trio féminin, donc, Au revoir Simone vit à Brooklyn. On pense souvent à Broadcast ou Stereolab en écoutant certains titres. Mais pas que. Electro-pop charmante et lo-fi, la musique des Au revoir Simone (a priori en référence à une réplique de Pee Wee dans un film de Tim Burton) a commencé à ensorceler les oreilles dès leur premier album : Verses of Comfort, Assurance and Salvation (2006). Leur second opus est sorti au début de cette année et a encore une fois séduit avec ses harmonies éthérées et/ou parfois sautillantes (The Bird of music, 2007).

dimanche 8 avril 2007

A song, a day. 05/03/2007.


Pantha du Prince - Walden 2

Berlin, vacances de Noël. Comme à mon habitude, j'achète Groove, le magazine des musiques electroniques allemand (excellent zine, cela dit en passant). A l'intérieur, je remarque qu'un disque du label Dial -un de mes labels préférés, fondé entre autre par Lawrence- est mis en avant. C'est Bliss de Pantha du Prince. Jamais entendu son nom à celui-là, pourtant, un pseudo pareil, ça ne s'oublie pas... (Je remarquerai plus tard, qu'effectivement, il y avait bien des sorties de Dial avec ce nom !!). Dans Groove, comme dans Trax, il y a un CD qui défend les nouvelles sorties (c'est pourtant là que je comprendrai l'essentielle différence entre le magazine allemand et le frenchy). Le troisième morceau est justement un extrait de l'album. Revenue en France, j'écoute donc le sampler. Je boucle sur le morceau de Pantha du Prince. Saturn Strobe ça s'appelle... Et là je commence à angoisser : l'album (il me le faut, c'est maintenant certain) va-t-il être distribué en France ??? Il me faut attendre un bon gros mois, mais début mars, je trouve enfin le disque dans les bacs. (Merci Kompakt !). Pochette noire à la marque énigmatique, l'objet se pose déjà classe et subtil... Et cette fois-ci, c'est sur tout l'album que je bloque. Dont la "song a day". Walden, les bois, la forêt... Peut-être celle de Thoreau. En tout cas, tout commence par des troncs serrés et nus qui crépitent en percussions sèches. Quelques gouttes d'eau s'écrasent en cliquetis et le bois s'épaissit. De feuillages, de nappes mélodiques argentées... De troncs tout en basses, massifs ou tremblants... Jusqu'à une clairière de givre éclairée de fréquences luminueuses... Pour parler de la musique qu'il sort et des artistes -le plus souvent de Hamburg- qu'il défend, Dial utilise l'expression "Post-Techno für den romantischen Menschen“, -c'est-à-dire, post techno pour romantiques (vous l'aurez compris)-... Formule qui colle bien au titre d' Hendrik Weber, le fameux Pantha du Prince... Il s'agit une fois encore d'ambiance éthérée, de rythmes addictifs et de finesse subtile. (Pour finir, je cite Bishop)"Les connaisseurs décèleront une constante sur tout l'album : l'usage massif du fameux Schaffel beat (littéralement "shuffle" en anglais), soit un rythme syncopé passant rapidement du classique 4/4 au 6/8, 3/4, voir 12/8. Des variations rythmiques qui créent un constant décalage et qui donnent immanquablement envie de secouer la tête (et le reste)"...

Repère :

Selon certains articles, le jeune Pantha du prince est un artiste et pianiste précoce qui compose des pièces pour piano, pièces de monaie, bouts de papier et stylos. A l'adolescence, il délaisse ces compos expérimentales pour se frotter à la guitare et à la basse dans des groupes influencés par Ride ou My bloody (Valentine, ça va de soi), puis davantage par le punk ou Joy Division. C'est alors qu'à la fin des années 90, il tombe dans l'électro (Chain Reaction, Sähkö, Robert Hood ou les sorties de Profan) tendance plutôt minimale. Il sort alors une poignée de maxis et un premier album Diamond Daze (2002) sur Dial. This Bliss à la pureté glaciale et lumineuse est donc son second album. Il semblerait (mais Discogs ne confirme pas...) que Pantha du Prince s'allie aussi avec ses comparses de Dial (Lawrence, Carsten Jost et Efdemin - que du très bon) pour un projet à quatre : Glühen 4. On a hâte d'entendre...

A song, a day. 02/03/2007

Roots Manuva - Too Cold


On pourra me reprocher de choisir le morceau le moins hip hop du disque, le titre le plus sucré. Oui, mais c'est sans compter que je suis complètement fan de tout l'album... Et puis il faut écouter ce titre "Sometimes i hate myself, sometimes i love myself", des choeurs masculins "i'm too cold, i'm too cold, i'm too old, i'm too old" complètement soulful, avec des voix aigues en écho qui immédiatement filent le sourire... Tout ça entrecoupé par le flow chaud (et ici sucré) de Roots Manuva. Je n'ai aucune idée de ce qu'il raconte, mais à chaque écoute, j'ai l'impression d'un immense arc-en-ciel de toutes les couleurs qui se déploie dans le ciel. Je doute que les paroles soient aussi souriantes, mais ça sent le soleil, le bonheur et les rires d'été. Plus de sucre disait JP Nataf, on y est, là. Des cordes, des samples de flûte, et tout ça fait avec une maîtrise impeccable...


Repère :

Roots Manuva est anglais. Anglo-jamaïcain, plus exactement. Et ca s'entend... Pour définir sa musique, il utilise deux termes : Love and Bass... Tout est dit. De mon côté, il a fallu attendre cette année pour que je le découvre grâce à la soirée Hip Hop du Club. Mais depuis la fin des années 90, on a remarqué son talent hors pair dès Brand new second hand (1999). Aussitôt, on parle de Roots Manuva en termes élogieux, et pour cause, un flow précis, une voix grave et chaude, et derrière, un vrai talent de production. Des samples efficaces et audacieux, des beats impeccables, et parfois un dub marqué. On parle de renouveau, de sursaut du hip hop anglais... Bref, les albums suivants : Run come save me (2001) - et sa version dub récréative de 2002 Dub come save me-, Awfully Deep -dont est extrait la song of the day- (2005) et Alternately Deep (2006), sortis sur Big Dada, viendront confirmer tout le bien qu'on pensait de Rodney Smith.

A lire ici, une chronique en français d'Awfully Deep sur Bokson. Tout cet album est grandiose...

vendredi 30 mars 2007

Les amis du club - Un parcours : Jacques Haurogné

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Encore une fois. Encore une voix. Un premier concert (à quoi ? 11 ans ?). Celui d'où on sort les mains usées, des étoiles dans les yeux. Celui d'où on sort forcément terriblement éprise du chanteur - d'ailleurs, c'est sûre, il m'a regardée, moi, et puis l'autographe, évidemment particulier.... En plus, il a un visage tout doux, un chapeau, des lunettes. Et le bon goût d'être un évadé de la chambre du grand frère, mais qui ne s'enfuit pas. Adopté pour un temps par toute la maisonnée, qui était je crois quasi entière au concert.
C'est sûrement avec ce craquant Jacques que naît ma curiosité longtemps optimiste pour la (nouvelle) chanson française. Il se joue de mots doux et mots dits et j'aime qu'il secoue l'ordre établi : "Dieu est amour, mais il fait pas beaucoup d'bisous...". Et sa voix s'envole, on a l'impression que tout est possible, il opère, fabuleux, voix délirante et lyrique, et des mélodies parolées, pas possible d'oublier. Je peux encore m'enchanter aujourd'hui.
Plus tard, il y aura un album - bleu -, deux extraits sur une cassette sacrée (du grand frère à la petite soeur, tremplin, bénédiction, va cours vole, découvre, aime ou déteste, réécoute, aime finalement, ne renie pas, avance, choisis, assume). Bénie donc, je le vole pour quelques temps dans les étagères grand-fraternelles, en même temps que d'autres (dont on recausera). Je me le mettrai en intraveineuse, l'apprendre par coeur cette fois, même s'il n'y a plus la magie. Même si ce sont les premières que je voudrais pouvoir réentendre, avec la peur d'être déçue du haut des années passées... Qui sait ?
Je sais que le bonhomme a fait un passage remarqué aux Folies Bergères, je l'ai aperçu dans Télérama, et des albums pour enfants, mais c'est trop tard, Télérama éventré pour des images mises en boîte, en lettres, et c'est parti pour une adolescence, une !

lundi 26 mars 2007

Les amis du Club - Un parcours : Les Grenouilles de Steve Waring

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Sûrement je viens de passer l’après-midi au jardin avec mon petit frère. Maman aura soufflé dans la corne (une vraie !) pour nous dire de remonter. Deux heures avant déjà le même son mais pour nous inviter à réceptionner le goûter lancé du 2e étage, on adore ça, goûter dehors : on a une chance folle, quand je vois nos deux voisines qui doivent encore faire une sieste, se laver les mains à tout bout de champ, et surtout pas se salir (un comble, quand on joue dehors !)…
Pour nous, c’est presque l’heure du bain, on écoute un disque en attendant de plonger, un grand disque tout noir qu’il faut tenir par l’étiquette du milieu. Pas facile… Enfin, ça commence, tchinglpanglatchinglapangla tchinglpangla baby et voilà le petit garçon au pays des grenouilles, il a si bien fermé ses yeux qu’elles lui semblent parler le langage des hommes. Ça me met mal à l’aise, surtout quand ça dit : « Enlève-le ! » avec une drôle de grosse voix.
C’est une histoire de voix qui commence en effet, des voix spéciales : celle de Steve et son accent, celle pop-opérante de Kiméra et ses maquillages fantastiques autour des yeux...
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, les voix hésitantes des tout premiers Petits Chanteurs de Montigny (que nous rejoindrons pour une dizaine d’années), celle de Mort Schuman (encore un accent) que Maman écoute parfois téléphoner « Allo Papa Tango Charlie » et je comprends pas bien pourquoi ce monsieur s’en va alors que de gentilles voix (ses filles ?) le cherchent et l’appellent. Les voix aussi, douceureuses, des messieurs-dames qui racontent les musiques classiques (4 saisons, Copélia, Casse-noisette) sur les autres vinyls qu’on nous laisse tripoter par l’étiquette, la voix de Goldman, époque soprano, qui doit s’échapper de la chambre à posters du grand frère… Tout ça mêlé offre une drôle de caco-sympathico-phonie plus agréable que les chevrotements des grenouilles de bénitier pendant les messes de l’année de la communion. Bon, on retombe quand même sur nos pattes. De grenouilles, ça va de soi, et à l’époque, miam, j’adore ça !

jeudi 8 mars 2007

The Hostess - Un parcours: épisode 2



WHAM – Make it Big

1984-85, j’avais 12-13 ans. Je ne me rappelle plus comment je les ai découvert. A la radio sûrement. Puisque je me rappelle très bien avoir enregistré “Freedom”, à partir de mon radio réveil, avec mon Radio Cassette Portable. ( déjà un goût certain pour le bidouillage technique audio ;). j’ai encore ces deux antiquités, fidèles au poste, étrangement j’y tiens énormément ). Cette chanson m’avait complètement enthousiasmée. Je l’écoutais sans arrêt. Mais, comme souvent en ce temps là, je ne savais pas qui chantait. Ca rendait le phénomène fascinant et frustrant à la fois. Ca pouvait durer des années, il y avait un vrai enjeu, un vrai risque de passer à côté. J’ai fini par avoir le 45 tours. Il y en avait un où la Face B, c’était “Last Chrismas”, chanson géniale, et je disais à mes copines : “Tu te rends compte, cette chanson est incroyable, et elle est seulement en Face B !!” c’était un grand mystère pour moi. Pourtant je savais que parfois les Face B pouvaient être des trésors. Et parfois...l’inverse, le pire étant les morceaux instrumentaux, pour moi le comble de l’escroquerie ( ça me reste, j’attend toujours que le chant commence, un vieux réflexe).
L’album, tout blanc. J’avais le vinyl. Le top vu qu’il y avait déjà la pochette, super classe les deux gars, et la pochette intérieure, avec un côté pour le blond George Michael – sur la photo il avait une dent trop longue, ça me gâchait - et un côté pour le brun.... Andrew Ridgeley. C’était mon préféré. Trop beau. Wham, c’est le début de la fascination pour les clips, et le Top 50 bien sûr. Il y avait “Everything she wants”, je captais quelques paroles, une fille qui lui coûtait trop cher. “Last Chrismas”, les Wham jouant dans la neige, avec des cols roulés, riant de toutes leurs dents. Et “Wake me up before you go go”, G. avec son gant mitaine fluo (j’ai jamais osé les mitaines, trop timide). Je parle de mémoire, j’ai pas revu les images. Wham c’était tout ce que j’étais pas : Un monde de cocktails permanents au bord de la piscine, des gens qui étaient à l’aise dans les fêtes, qui étaient amoureux et vachement cool avec cette idée. C’était super pour danser dans sa chambre, en espérant que les parents rentreraient pas sans frapper. Je suis en train de réécouter, forcément. Pareil qu’Abba, j’aime toujours. Maintenant j’entend toute la Soul que ce gars a dû écouter et aimer. et que j’adore maintenant. “Freedom” avec tous ces temps marqués comme dans un tube de la Motown, ce côté sucré pop, sautillant, qui donne envie de tournoyer sur soi-même.
Cet album fût aussi la clé de mon intégration. à 14 ans j’ai déménagé. Nouvelle maison, nouveau collège, nouveaux amis. La fille que je trouvais la plus cool de la classe, s’est retournée vers moi et a dit “t’aimes Wham?”, j’ai fait une réponse posée “oui, j’aime bien” ( j’adore tu veux dire !!!!!!! ). “Tu préfères lequel?”, m’a t-elle demandé, avec des étincelles pas possible dans les yeux ( J’ai su à cet instant, mais sans réaliser du tout, que je n’aurais jamais les mêmes étincelles pour parler des “garçons mignons”, et pourtant j’étais fan! ). là je l’ai joué stratégique : si je voulais être amie avec elle (et doubler la mise en devenant cool) fallait que j’ai la bonne réponse. Comme George était le chanteur, statistiquement j’avais plus de chance avec lui. J’ai dit “j’aime bien George...”. Non, elle elle préférait Andrew !! (mais moi aussi en fait !!! C’est vrai je me repassais en boucle quand il faisait les choeurs “ho ho ho”, et il faisait l’idiot dans les clips, et il faisait de la guitare – enfin je croyais qu’il jouait pour de vrai, à l’époque). Mais j’allais me rattraper, haut la main : “ Si tu veux j’ai un documentaire sur eux en K7 vidéo”. Et voilà, c’était partie pour de belles années d’amitié, de celles qui vous aident à traverser l’ennui mortel du lycée, surtout quand on est coincée comme je pouvais l’être. Devenir amie avec une fille super-marrante-qui-a-peur-de-rien-ni-de-personne, c’est certainement ce qui pouvait m’arriver de mieux. Merci Wham.

( Youtube ) Wham! - Last Christmas
( Youtube ) Wham! - Wake me up before you go go

(Youtube ) Wham! - Everything she wants


mardi 6 mars 2007

The Hostess - Un parcours: épisode 1



ABBA - Super Trouper

On peut dire que c’est là que tout a commencé. C’est sûrement mon histoire préférée, mon histoire tout court. Et si tout était là, dans le premier disque?
Je raconte. Je devais avoir 9 ans. J’ai fait plus tard des recoupements, je crois que c’était en 1981. Je mangeais des bouchées de poulet devant la télé avec mes parents ( du poulet -que du blanc– sur du pain grillé, avec du beurre et de la moutarde, comme papa). C’était Champs Elysées. Pour ceux qui n’ont pas connu, Champs Elysées c’était tout le glamour et le strass dans le salon. Le tapis rouge, le petit coucou à la caméra des stars qui sortaient des grosses voitures. déjà fascinée j’étais, par l’entertainement à l’américaine, le Bigger than life. et là sur le plateau, le choc. Un groupe suédois, tout vêtu de blanc (dans mon souvenir en tout cas), et ils chantent “ The winner takes it all”. Je suis illico tombée amoureuse. De la chanteuse blonde aux yeux bleux au regard triste, de la musique, et de l’effet que ça fait le tout mélangé. Le coeur qui bat plus vite, la mâchoire qui se décroche. Je me rappelle très distinctement m’être ruée sur le programme télé : Télérama, en noir et blanc avec des pages journal qui font du noir sur les doigts. Tout de suite savoir qui c'est, ce qui vient de m’arriver. Un nom : ABBA. C’est samedi, va falloir attendre pour acheter le disque. Des disques j’en avais déjà, et j’avais déjà la tête qui tourbillonnait avec : Karen Cheryl, Noam, Claude François. Des 45 tours aussi, plein. Avec écrit dessus mes initiales CL12, CL22, CL37, comme papa. Déjà accro aux disques. On a dû aller dans un magasin pour chercher la K7. Je me rappelle du bac, je découvre ce qu’est un bac (au supermarché y avait pas de bacs), y en avait plusieurs dedans. A chaque fois que je choisirais un disque de Abba, je le choisirais grace à la pochette. Il fallait qu’on voit bien la blonde.
Quand on est petit il y a d’abord les disques qu’on nous offre, qu’on nous prête. Et puis il y a un jour celui qu’on choisit. J’avais un walkman, enfin celui de mon père, un Sony dernier cri, avec deux prises casques donc ma copine Géraldine pouvait écouter en même temps. Et il y avait une petite touche orange et un micro, pour se parler par dessus la musique : le rêve. J’habitais en region parisienne, avec toute la famille en bretagne. Donc beaucoup de voiture. De longs trajets. Que-du-bonheur. J’allais aimer ça toute ma vie. La route et la musique. Les nuages, les gouttes de pluie qui font la course sur la vitre, baver sur le siège quand on s’endort. et TOUJOURS le casque sur les oreilles. Abba en boucle, en boucle, en boucle. Que des rêves qui défilent, des histoires avec les paroles, les titres. Par exemple “SOS”. je lisais Tintin “coke en stock” (j'ai compris très tard le sens du titre), la couverture c’était un radeau. Donc je rêvais de radeau avec “SOS”. Je m’imaginais un peu plus grande, avec un sac au dos, j’avais plein de copains, il nous arrivait plein de trucs, comme dans le Club des cinq.
Et puis cette voix. Ces voix. Des mélodies pas croyables, qui m’emportaient. J’étais complètement accro. Un jour j’ai vu le “clip”. Ca s’appelait même pas comme ça. Quand on voyait un truc crucial à la télé, y avait pas de magnétoscope. Fallait profiter, tout prendre là tout de suite, rien ne resterait. Je me rappelle qu’elle avait une robe rouge, et que je l’ai trouvé moins belle que prévu. Vite, oublier cette déception, j’ai dû mal voir. Et puis qu’est ce qu’elle est belle quand même...qu’est ce qu’elle a l’air triste...
Abba, c’est mon disque île déserte, c’est tout ce que je veux garder. Tout y est, je ne suis jamais autant moi que quand j’entend ces disques. Toute ma vie défile. tous mes rêves, tous mes “plus tard quand je serais grande” sont là. J’ai de la chance, une chance énorme, rien n’a disparu. Rien n’est désuet, démodé, tout marche encore, comme au premier jour. Comme les amis d’enfance dont la vie ne nous éloigne pas, qui sont toujours là.
Avec Abba j’avais un système. J’avais deux grosses enceintes par terre, sous mon synthé. Je m’allongeais par terre, et je mettais ma tête exactement au milieu. Très tôt j’ai aimé la stéréo. Je voulais écrire les paroles de "The Winner takes it all". je parlais pas anglais. Je me rappelle que j’ai écrit avec un bic vert, ce que j’entendais, mon premier yaourt. Ca commençait par Alomonotoc. Beaucoup plus tard j’ai entendu I don’t wanna talk. Mais j’entend toujours Alomonotoc. et ma copine Géraldine aussi. Il y avait aussi Attaché-case (does she kiss), et maison-de-john. Celui-là je sais pas ce que c’était en vrai. Et je veux pas savoir.

( Youtube ) Abba - The Winner Takes it All


lundi 5 mars 2007

A song, a day. I forgot the day but not the song.

Bloc Party - Hunting for witches

En vrai, à 7h45 dans ma voiture, j'aurai pu mettre le premier morceau du nouvel opus de Bloc Party, sorti il y a quelques jours. Parce qu'après une intro toute en douceur, je me fais rattraper par la batterie et que j'ai la très forte tentation d'accélérer. D'autant que les choeurs me surprennent en soudaine apesanteur sur la rocade. Mais en réalité, celui que je vais ré-écouter plusieurs fois avant de repasser la quatrième, ce sera le titre juste après. Hunting for witches. A cause d'un virage, au moment du refrain (avec The Hostess on appelle virage tous ces moments dans les morceaux où ça tourne d'un coup. Où on se fait cueillir par surprise par un truc dans la mélodie. Où on fronce les sourcils subitement. Où on peut même mettre le visage dans ses mains tellement c'est puissant). Je me fais avoir dix fois de suite. Et c'est bon. Le reste du titre : une intro en cuts électro, des guitares qui rappellent Banquet de loin, une assise rythmée, des paroles qui font mouche. Mais surtout ce virage. Qui chavire même la voix de Kele Okereke : "Heads are going to ro-o-ol". Un vrai single !

Repère :
Bloc Party est fondé en 2004(?) (sous le nom d'abord d'Angel Range, puis Union). Très vite repéré par les Franz Ferdinand, le groupe se fera connaître en jouant lors de leurs premières parties. Ils sortent quelques maxis tonitruants (l'excellent Banquet et mon préféré Little Thoughts) qui leur ouvrent toutes grandes les portes du succès. En 2005, ils publient leur très attendu premier album : Silent Alarm. Bonnes critiques, grosse tournée. Bien sûr le deuxième opus, A weekend at the city (février 2007) a pour but de transformer l'essai. A vous d'écouter ;-) !

dimanche 4 mars 2007

A song, a day. 17/02/2007.

Shannon Wright - Defy my love

D'abord entendu une première fois sur le myspace de Guilhem pour l'émission Indestructures (http://www.myspace.com/indestructure), quelques jours avant le concert de Shannon à la Route du Rock d'hiver, ce putain de morceau m'a mis une grosse claque. Le surlendemain, il m'envoie directement au sol. Joué en live par Madame Shannon Wright, le titre est encore plus à fleur de nerfs. Piano, voix. Habités. Même si moins déchirant que la plupart des autres morceaux de Shannon sur les albums précédents, ce Defy a une vraie puissance et renvoie dans les cordes. Titre qui montre que la dame sait aussi nous renverser avec des ambiances moins tendues. C'est de très bonne augure pour l'album (sortie fin mars). J'en bave d'impatience.
Repère :
Shannon Wright est américaine. En 1998, elle saborde son groupe Crowsdell et part seule, avec sa guitare comme unique bien. De là naîtront les fragiles et troublants Flightsafety et Maps of Tacit (1999 et 2000), puis plus tard, le rêche et sublime Dyed in the wool (2001). C'est à ce moment là que je la découvre (elle vient alors d'être signée par l'excellent label bordelais Vicious Circle). A cause d'un morceau sur le Cd d'Abus dangereux. Une vraie claque déjà. J'écoute le morceau en boucle pendant des jours, sans rien vouloir écouter d'autre. La France a alors la chance de la découvrir aussi en live (sauf The Hostess qui se la joue grande gagnante, elle l'a vue quelques mois auparavant en première partie de Sleater Kinney à Portland, Oregon !!!) avec les excellents Calexico : prestations intenses, Shannon est écorchée et passionnée. Elle ne laisse personne indifférent. Plus qu'une claque, une tornade. En 2004, elle retrouve Steve Albini pour son album le plus rock et le plus rêche, Over the Sun. Tumulte de guitares électriques, voix poussée à l'extrême. C'est un album abrasif. Shannon y "manie la guitare comme une serpe" disent les gars de Vicious. Et puis il y a le piano, ces morceaux doux en apparence qui vous poignardent tout aussi fort. Suivra un disque avec Yann Tiersen qui la fera connaître à davantage. Et bientôt, ce nouvel album, Let in the Light, qu'on dit apaisé sans être pour autant rangé. A suivre...

jeudi 8 février 2007

mercredi 7 février 2007

A song, a day. 07/02/2007

Mahmoud Ahmed - Yeger Mèmèkatesh


Ben, oui. Mardi, c'était soirée pour Le Club. Thème : Afrique. Et plein de belles découvertes (la kora du Guru, les guitares de Boogie, le gamin-j'ai-qu-une-corde-mais-je-suis-un-génie de The Hostess, l'héritier de Fela...). Parmi elles, deux morceaux stupéfiants dénichés par Bughead et Mr. B. sur des compil' non moins excellentes. Ethiopiques, ça s'appelle (y en a déjà 21 volumes il me semble, sur l'âge d'or de la musique éthiopienne : QUE DU BON !) Une vraie révélation, ces morceaux. Alors song of the day : "Yeger Mèmèkatesh".

Imaginez l'Afrique et le Moyen-Orient qui se rencontrent dans un titre tout à la fois dansant et mélancolique. De la tristesse pour danser. Les pieds et les hanches en mouvement, l'âme qui flotte au-dessus. Et des nappes de jazz qui viennent se mélanger à tout ça, enflammées par une voix brûlante qui semble venir du plus profond d'un chanteur incandescent...

Repère :
Je vais essayer de me souvenir de ce qu'a expliqué Mr B. (tu me corriges si je me trompe). Un jour d'enregistrement, dans le studio (comme dans toutes les histoires rock), l'orchestre est embêté : le chanteur est malade. Pas moyen d'enregistrer. Et un jeune homme, qui n'a bien sûr rien à voir avec la musique, s'en vient à passer par là. C'est Mahmoud Ahmed. On lui demande de poser sa voix sur les musiques de l'orchestre. Et là, c'est la révélation. Ce gars-là a quelque chose. Tant et si bien qu'un volume entier d'Ethiopique lui sera d'ailleurs consacré. Mahmoud Ahmed marque vraiment la musique ethiopienne de son empreinte pendant un âge d'or (entre 1969 et 1978). Chanteur au charisme fait pour la scène et à la voix hypnotique, il vocalise sur des rythmes répétitifs et des cuivres mélancoliques. On dirait quasiment des chants sacrés. En France, un album sorti en 1986 sur Crammed World, Erè mèla mèla, lui donnera une reconnaissance critique indéfectible de ce côté-ci de la méditerranée. Tout le catalogue de Mahmoud Ahmed se retrouve maintenant sur Buda. A découvrir absolument, comme dirait Diabologum.