dimanche 16 septembre 2007

guru: un parcours épisode 29



C’est l’école catholique qui m’a rendu de gauche. De la petite section de maternelle, en 76, à la Terminale, en 91-92, que du privé.
D’abord, je pense, parce que même là on y racontait l’Histoire de France avec son sens. J’ai un souvenir un peu flou de la maîtresse de CM2 qu’on avait la moitié de la semaine (le reste c’était le directeur : frère Pierre) qui en hésitant nous avait brossé l’échiquier politique de l’extrême droite à l’extrême gauche, vu qu’on avait l’air d’y entendre que dalle.
Mais ensuite, le plus important, le plus déterminant, ça a été ma prof d’histoire de 4è et 3è.
Elle se définissait comme « anti-communiste primaire, secondaire et tertiaire ». Je me souviens de sa liste de conditions pour commencer à peut-être avoir le droit de penser que Gorbatchev n’était pas une pourriture comme ses prédécesseurs (retrait d’Afghanistan, élections libres dans les pays de l’est…) et de sa ou ses déclarations d’amour à l’endroit de Valéry Giscard d’Estain.
A la maison, pour ce que j’en devinais, ça votait aussi centre-droit. Me souviens aussi de cette diatribe enflammée de ma mère contre ces saloperies de socialos qui veulent partager l’argent qui n’est pas à eux. J’ai mis 15 ans à réaliser qu’à l’époque où elle disait ça, vu qu’elle bossait dans une usine, elle était ouvrière.
L’Histoire moi m’apprenait que les républicains, c’était mieux que les monarchistes, que les socialistes, c’était mieux que les républicains, et que donc, le communisme, ça devait être mieux que le socialisme. Au lycée St Martin, je lus « le Manifeste » et le « Capital » et me déclarai authentique communiste, ce que les soviétiques n’étaient pas. En 1989, c’était le bon moment. Ca me permit de choper un autre surnom : « Chen le survivant ».
Je me rappelle de ce gars plus vieux, donc plus au Lycée, rencontré à la sortie parce que pote d’un pote, qui me dit alors que l’autre me présentait comme coco (comme si j’étais un croisement entre une curiosité pathologique mentale et le représentant d’une civilisation primitive) que lui aussi il avait penché pour ça mais qu’à présent il se sentait plus proche des idées anarchistes. Je dis non, c’est sûr, pour changer les choses, on a besoin de l’Etat.
Ensuite j’ai aimé Alice. Elle trouvait ça bizarre que je ne connaisse pas François Cavanna, qui devrait me plaire, vu mes discours. Coup de bol, du Cavanna j’en trouve chez Carole (chez qui je trouverai aussi Bukowski, merci pour toujours). Donc je lis en commençant par « les Ritals » et jusqu’à « Maria ». Donc j’apprends l’existence de Charlie Hebdo autrefois, mais tiens, voilà que justement quelques semaines plus tard, ce journal se met à reparaître. Je deviens un assidu. Je fais signer des pétitions pour faire interdire le Front National. Et je découvre l’intérêt de Philippe Val pour l’écologie.
Ensuite viendront le Monde Diplomatique (94), Politis, Alter Eco (ma sœur est en B) etc…
A la fac, je me fais traiter de freudo-marxiste par le meilleur ami de Christophe, alors que je ne sais même pas qui est Reich mais qu’il semble que ce que je raconte va dans le même sens. Alors je le lis aussi.
L’IUFM. C’est là que le 3è Christophe se moque de ma croyance au progrès. C’est là que j’apprends à réciter un discours pour choper un 17 à l’oral du concours, en citant Vaneigem. J’ai découvert l’IS dans la deuxième moitié des années 90.
Et puis le boulot. Et puis Tiphaine.
Et puis un jour, j’offre à mon filleul « Stop ». J’ai cessé depuis longtemps de suivre Charlie Hebdo mais j’ai presque toujours voté écolo et continué à apprendre sur le monde comme il tourne. Ce bouquin pourtant fait déclic. Déjà parce que je me le rachète (Pardon : ma femme me l’offre). Et puis sa lecture-compilation d’infos disparates nous fout un coup.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
On se met à manger bio. On passe du Leclerc au Scarabée. C’est là qu’on découvre et qu’on achète S!lence. Qui nous parle de décroissance. De simplicité volontaire.
Aujourd’hui je pense qu’un des facteurs les plus importants dans ceux qui jouent pour changer de façon de vivre, c’est le niveau de conscience du constat.
J’aurais dû faire un long texte pour expliquer où on en est. Je ne sais pas. Débrouillez-vous.
Parmi tout ça, il y deux choses qui m’effraient particulièrement : le dérèglement climatique (que l’on appelle « réchauffement ») et la disparition des animaux.
Pour essayer de mettre un peu de simplicité volontaire dans mon mode de vie, à un moment je me suis fixé l’objectif de 5 disques maximum par mois.
A présent, je suis en dessous. Pas parce que ma volonté s’est trouvé renforcée, parce que nos revenus ont diminué : congé parental.
Mais je suis toujours nettement schizophrène. J’attends que ce congé se termine pour consommer plus. J’achète de la publicité (Noise, Magic…).
Et je me demande comment on vivra quand Loussine et Zélie seront adultes.