vendredi 30 mars 2007

Les amis du club - Un parcours : Jacques Haurogné

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Encore une fois. Encore une voix. Un premier concert (à quoi ? 11 ans ?). Celui d'où on sort les mains usées, des étoiles dans les yeux. Celui d'où on sort forcément terriblement éprise du chanteur - d'ailleurs, c'est sûre, il m'a regardée, moi, et puis l'autographe, évidemment particulier.... En plus, il a un visage tout doux, un chapeau, des lunettes. Et le bon goût d'être un évadé de la chambre du grand frère, mais qui ne s'enfuit pas. Adopté pour un temps par toute la maisonnée, qui était je crois quasi entière au concert.
C'est sûrement avec ce craquant Jacques que naît ma curiosité longtemps optimiste pour la (nouvelle) chanson française. Il se joue de mots doux et mots dits et j'aime qu'il secoue l'ordre établi : "Dieu est amour, mais il fait pas beaucoup d'bisous...". Et sa voix s'envole, on a l'impression que tout est possible, il opère, fabuleux, voix délirante et lyrique, et des mélodies parolées, pas possible d'oublier. Je peux encore m'enchanter aujourd'hui.
Plus tard, il y aura un album - bleu -, deux extraits sur une cassette sacrée (du grand frère à la petite soeur, tremplin, bénédiction, va cours vole, découvre, aime ou déteste, réécoute, aime finalement, ne renie pas, avance, choisis, assume). Bénie donc, je le vole pour quelques temps dans les étagères grand-fraternelles, en même temps que d'autres (dont on recausera). Je me le mettrai en intraveineuse, l'apprendre par coeur cette fois, même s'il n'y a plus la magie. Même si ce sont les premières que je voudrais pouvoir réentendre, avec la peur d'être déçue du haut des années passées... Qui sait ?
Je sais que le bonhomme a fait un passage remarqué aux Folies Bergères, je l'ai aperçu dans Télérama, et des albums pour enfants, mais c'est trop tard, Télérama éventré pour des images mises en boîte, en lettres, et c'est parti pour une adolescence, une !

lundi 26 mars 2007

Les amis du Club - Un parcours : Les Grenouilles de Steve Waring

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Sûrement je viens de passer l’après-midi au jardin avec mon petit frère. Maman aura soufflé dans la corne (une vraie !) pour nous dire de remonter. Deux heures avant déjà le même son mais pour nous inviter à réceptionner le goûter lancé du 2e étage, on adore ça, goûter dehors : on a une chance folle, quand je vois nos deux voisines qui doivent encore faire une sieste, se laver les mains à tout bout de champ, et surtout pas se salir (un comble, quand on joue dehors !)…
Pour nous, c’est presque l’heure du bain, on écoute un disque en attendant de plonger, un grand disque tout noir qu’il faut tenir par l’étiquette du milieu. Pas facile… Enfin, ça commence, tchinglpanglatchinglapangla tchinglpangla baby et voilà le petit garçon au pays des grenouilles, il a si bien fermé ses yeux qu’elles lui semblent parler le langage des hommes. Ça me met mal à l’aise, surtout quand ça dit : « Enlève-le ! » avec une drôle de grosse voix.
C’est une histoire de voix qui commence en effet, des voix spéciales : celle de Steve et son accent, celle pop-opérante de Kiméra et ses maquillages fantastiques autour des yeux...
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, les voix hésitantes des tout premiers Petits Chanteurs de Montigny (que nous rejoindrons pour une dizaine d’années), celle de Mort Schuman (encore un accent) que Maman écoute parfois téléphoner « Allo Papa Tango Charlie » et je comprends pas bien pourquoi ce monsieur s’en va alors que de gentilles voix (ses filles ?) le cherchent et l’appellent. Les voix aussi, douceureuses, des messieurs-dames qui racontent les musiques classiques (4 saisons, Copélia, Casse-noisette) sur les autres vinyls qu’on nous laisse tripoter par l’étiquette, la voix de Goldman, époque soprano, qui doit s’échapper de la chambre à posters du grand frère… Tout ça mêlé offre une drôle de caco-sympathico-phonie plus agréable que les chevrotements des grenouilles de bénitier pendant les messes de l’année de la communion. Bon, on retombe quand même sur nos pattes. De grenouilles, ça va de soi, et à l’époque, miam, j’adore ça !

jeudi 8 mars 2007

The Hostess - Un parcours: épisode 2



WHAM – Make it Big

1984-85, j’avais 12-13 ans. Je ne me rappelle plus comment je les ai découvert. A la radio sûrement. Puisque je me rappelle très bien avoir enregistré “Freedom”, à partir de mon radio réveil, avec mon Radio Cassette Portable. ( déjà un goût certain pour le bidouillage technique audio ;). j’ai encore ces deux antiquités, fidèles au poste, étrangement j’y tiens énormément ). Cette chanson m’avait complètement enthousiasmée. Je l’écoutais sans arrêt. Mais, comme souvent en ce temps là, je ne savais pas qui chantait. Ca rendait le phénomène fascinant et frustrant à la fois. Ca pouvait durer des années, il y avait un vrai enjeu, un vrai risque de passer à côté. J’ai fini par avoir le 45 tours. Il y en avait un où la Face B, c’était “Last Chrismas”, chanson géniale, et je disais à mes copines : “Tu te rends compte, cette chanson est incroyable, et elle est seulement en Face B !!” c’était un grand mystère pour moi. Pourtant je savais que parfois les Face B pouvaient être des trésors. Et parfois...l’inverse, le pire étant les morceaux instrumentaux, pour moi le comble de l’escroquerie ( ça me reste, j’attend toujours que le chant commence, un vieux réflexe).
L’album, tout blanc. J’avais le vinyl. Le top vu qu’il y avait déjà la pochette, super classe les deux gars, et la pochette intérieure, avec un côté pour le blond George Michael – sur la photo il avait une dent trop longue, ça me gâchait - et un côté pour le brun.... Andrew Ridgeley. C’était mon préféré. Trop beau. Wham, c’est le début de la fascination pour les clips, et le Top 50 bien sûr. Il y avait “Everything she wants”, je captais quelques paroles, une fille qui lui coûtait trop cher. “Last Chrismas”, les Wham jouant dans la neige, avec des cols roulés, riant de toutes leurs dents. Et “Wake me up before you go go”, G. avec son gant mitaine fluo (j’ai jamais osé les mitaines, trop timide). Je parle de mémoire, j’ai pas revu les images. Wham c’était tout ce que j’étais pas : Un monde de cocktails permanents au bord de la piscine, des gens qui étaient à l’aise dans les fêtes, qui étaient amoureux et vachement cool avec cette idée. C’était super pour danser dans sa chambre, en espérant que les parents rentreraient pas sans frapper. Je suis en train de réécouter, forcément. Pareil qu’Abba, j’aime toujours. Maintenant j’entend toute la Soul que ce gars a dû écouter et aimer. et que j’adore maintenant. “Freedom” avec tous ces temps marqués comme dans un tube de la Motown, ce côté sucré pop, sautillant, qui donne envie de tournoyer sur soi-même.
Cet album fût aussi la clé de mon intégration. à 14 ans j’ai déménagé. Nouvelle maison, nouveau collège, nouveaux amis. La fille que je trouvais la plus cool de la classe, s’est retournée vers moi et a dit “t’aimes Wham?”, j’ai fait une réponse posée “oui, j’aime bien” ( j’adore tu veux dire !!!!!!! ). “Tu préfères lequel?”, m’a t-elle demandé, avec des étincelles pas possible dans les yeux ( J’ai su à cet instant, mais sans réaliser du tout, que je n’aurais jamais les mêmes étincelles pour parler des “garçons mignons”, et pourtant j’étais fan! ). là je l’ai joué stratégique : si je voulais être amie avec elle (et doubler la mise en devenant cool) fallait que j’ai la bonne réponse. Comme George était le chanteur, statistiquement j’avais plus de chance avec lui. J’ai dit “j’aime bien George...”. Non, elle elle préférait Andrew !! (mais moi aussi en fait !!! C’est vrai je me repassais en boucle quand il faisait les choeurs “ho ho ho”, et il faisait l’idiot dans les clips, et il faisait de la guitare – enfin je croyais qu’il jouait pour de vrai, à l’époque). Mais j’allais me rattraper, haut la main : “ Si tu veux j’ai un documentaire sur eux en K7 vidéo”. Et voilà, c’était partie pour de belles années d’amitié, de celles qui vous aident à traverser l’ennui mortel du lycée, surtout quand on est coincée comme je pouvais l’être. Devenir amie avec une fille super-marrante-qui-a-peur-de-rien-ni-de-personne, c’est certainement ce qui pouvait m’arriver de mieux. Merci Wham.

( Youtube ) Wham! - Last Christmas
( Youtube ) Wham! - Wake me up before you go go

(Youtube ) Wham! - Everything she wants


mardi 6 mars 2007

The Hostess - Un parcours: épisode 1



ABBA - Super Trouper

On peut dire que c’est là que tout a commencé. C’est sûrement mon histoire préférée, mon histoire tout court. Et si tout était là, dans le premier disque?
Je raconte. Je devais avoir 9 ans. J’ai fait plus tard des recoupements, je crois que c’était en 1981. Je mangeais des bouchées de poulet devant la télé avec mes parents ( du poulet -que du blanc– sur du pain grillé, avec du beurre et de la moutarde, comme papa). C’était Champs Elysées. Pour ceux qui n’ont pas connu, Champs Elysées c’était tout le glamour et le strass dans le salon. Le tapis rouge, le petit coucou à la caméra des stars qui sortaient des grosses voitures. déjà fascinée j’étais, par l’entertainement à l’américaine, le Bigger than life. et là sur le plateau, le choc. Un groupe suédois, tout vêtu de blanc (dans mon souvenir en tout cas), et ils chantent “ The winner takes it all”. Je suis illico tombée amoureuse. De la chanteuse blonde aux yeux bleux au regard triste, de la musique, et de l’effet que ça fait le tout mélangé. Le coeur qui bat plus vite, la mâchoire qui se décroche. Je me rappelle très distinctement m’être ruée sur le programme télé : Télérama, en noir et blanc avec des pages journal qui font du noir sur les doigts. Tout de suite savoir qui c'est, ce qui vient de m’arriver. Un nom : ABBA. C’est samedi, va falloir attendre pour acheter le disque. Des disques j’en avais déjà, et j’avais déjà la tête qui tourbillonnait avec : Karen Cheryl, Noam, Claude François. Des 45 tours aussi, plein. Avec écrit dessus mes initiales CL12, CL22, CL37, comme papa. Déjà accro aux disques. On a dû aller dans un magasin pour chercher la K7. Je me rappelle du bac, je découvre ce qu’est un bac (au supermarché y avait pas de bacs), y en avait plusieurs dedans. A chaque fois que je choisirais un disque de Abba, je le choisirais grace à la pochette. Il fallait qu’on voit bien la blonde.
Quand on est petit il y a d’abord les disques qu’on nous offre, qu’on nous prête. Et puis il y a un jour celui qu’on choisit. J’avais un walkman, enfin celui de mon père, un Sony dernier cri, avec deux prises casques donc ma copine Géraldine pouvait écouter en même temps. Et il y avait une petite touche orange et un micro, pour se parler par dessus la musique : le rêve. J’habitais en region parisienne, avec toute la famille en bretagne. Donc beaucoup de voiture. De longs trajets. Que-du-bonheur. J’allais aimer ça toute ma vie. La route et la musique. Les nuages, les gouttes de pluie qui font la course sur la vitre, baver sur le siège quand on s’endort. et TOUJOURS le casque sur les oreilles. Abba en boucle, en boucle, en boucle. Que des rêves qui défilent, des histoires avec les paroles, les titres. Par exemple “SOS”. je lisais Tintin “coke en stock” (j'ai compris très tard le sens du titre), la couverture c’était un radeau. Donc je rêvais de radeau avec “SOS”. Je m’imaginais un peu plus grande, avec un sac au dos, j’avais plein de copains, il nous arrivait plein de trucs, comme dans le Club des cinq.
Et puis cette voix. Ces voix. Des mélodies pas croyables, qui m’emportaient. J’étais complètement accro. Un jour j’ai vu le “clip”. Ca s’appelait même pas comme ça. Quand on voyait un truc crucial à la télé, y avait pas de magnétoscope. Fallait profiter, tout prendre là tout de suite, rien ne resterait. Je me rappelle qu’elle avait une robe rouge, et que je l’ai trouvé moins belle que prévu. Vite, oublier cette déception, j’ai dû mal voir. Et puis qu’est ce qu’elle est belle quand même...qu’est ce qu’elle a l’air triste...
Abba, c’est mon disque île déserte, c’est tout ce que je veux garder. Tout y est, je ne suis jamais autant moi que quand j’entend ces disques. Toute ma vie défile. tous mes rêves, tous mes “plus tard quand je serais grande” sont là. J’ai de la chance, une chance énorme, rien n’a disparu. Rien n’est désuet, démodé, tout marche encore, comme au premier jour. Comme les amis d’enfance dont la vie ne nous éloigne pas, qui sont toujours là.
Avec Abba j’avais un système. J’avais deux grosses enceintes par terre, sous mon synthé. Je m’allongeais par terre, et je mettais ma tête exactement au milieu. Très tôt j’ai aimé la stéréo. Je voulais écrire les paroles de "The Winner takes it all". je parlais pas anglais. Je me rappelle que j’ai écrit avec un bic vert, ce que j’entendais, mon premier yaourt. Ca commençait par Alomonotoc. Beaucoup plus tard j’ai entendu I don’t wanna talk. Mais j’entend toujours Alomonotoc. et ma copine Géraldine aussi. Il y avait aussi Attaché-case (does she kiss), et maison-de-john. Celui-là je sais pas ce que c’était en vrai. Et je veux pas savoir.

( Youtube ) Abba - The Winner Takes it All


lundi 5 mars 2007

A song, a day. I forgot the day but not the song.

Bloc Party - Hunting for witches

En vrai, à 7h45 dans ma voiture, j'aurai pu mettre le premier morceau du nouvel opus de Bloc Party, sorti il y a quelques jours. Parce qu'après une intro toute en douceur, je me fais rattraper par la batterie et que j'ai la très forte tentation d'accélérer. D'autant que les choeurs me surprennent en soudaine apesanteur sur la rocade. Mais en réalité, celui que je vais ré-écouter plusieurs fois avant de repasser la quatrième, ce sera le titre juste après. Hunting for witches. A cause d'un virage, au moment du refrain (avec The Hostess on appelle virage tous ces moments dans les morceaux où ça tourne d'un coup. Où on se fait cueillir par surprise par un truc dans la mélodie. Où on fronce les sourcils subitement. Où on peut même mettre le visage dans ses mains tellement c'est puissant). Je me fais avoir dix fois de suite. Et c'est bon. Le reste du titre : une intro en cuts électro, des guitares qui rappellent Banquet de loin, une assise rythmée, des paroles qui font mouche. Mais surtout ce virage. Qui chavire même la voix de Kele Okereke : "Heads are going to ro-o-ol". Un vrai single !

Repère :
Bloc Party est fondé en 2004(?) (sous le nom d'abord d'Angel Range, puis Union). Très vite repéré par les Franz Ferdinand, le groupe se fera connaître en jouant lors de leurs premières parties. Ils sortent quelques maxis tonitruants (l'excellent Banquet et mon préféré Little Thoughts) qui leur ouvrent toutes grandes les portes du succès. En 2005, ils publient leur très attendu premier album : Silent Alarm. Bonnes critiques, grosse tournée. Bien sûr le deuxième opus, A weekend at the city (février 2007) a pour but de transformer l'essai. A vous d'écouter ;-) !

dimanche 4 mars 2007

A song, a day. 17/02/2007.

Shannon Wright - Defy my love

D'abord entendu une première fois sur le myspace de Guilhem pour l'émission Indestructures (http://www.myspace.com/indestructure), quelques jours avant le concert de Shannon à la Route du Rock d'hiver, ce putain de morceau m'a mis une grosse claque. Le surlendemain, il m'envoie directement au sol. Joué en live par Madame Shannon Wright, le titre est encore plus à fleur de nerfs. Piano, voix. Habités. Même si moins déchirant que la plupart des autres morceaux de Shannon sur les albums précédents, ce Defy a une vraie puissance et renvoie dans les cordes. Titre qui montre que la dame sait aussi nous renverser avec des ambiances moins tendues. C'est de très bonne augure pour l'album (sortie fin mars). J'en bave d'impatience.
Repère :
Shannon Wright est américaine. En 1998, elle saborde son groupe Crowsdell et part seule, avec sa guitare comme unique bien. De là naîtront les fragiles et troublants Flightsafety et Maps of Tacit (1999 et 2000), puis plus tard, le rêche et sublime Dyed in the wool (2001). C'est à ce moment là que je la découvre (elle vient alors d'être signée par l'excellent label bordelais Vicious Circle). A cause d'un morceau sur le Cd d'Abus dangereux. Une vraie claque déjà. J'écoute le morceau en boucle pendant des jours, sans rien vouloir écouter d'autre. La France a alors la chance de la découvrir aussi en live (sauf The Hostess qui se la joue grande gagnante, elle l'a vue quelques mois auparavant en première partie de Sleater Kinney à Portland, Oregon !!!) avec les excellents Calexico : prestations intenses, Shannon est écorchée et passionnée. Elle ne laisse personne indifférent. Plus qu'une claque, une tornade. En 2004, elle retrouve Steve Albini pour son album le plus rock et le plus rêche, Over the Sun. Tumulte de guitares électriques, voix poussée à l'extrême. C'est un album abrasif. Shannon y "manie la guitare comme une serpe" disent les gars de Vicious. Et puis il y a le piano, ces morceaux doux en apparence qui vous poignardent tout aussi fort. Suivra un disque avec Yann Tiersen qui la fera connaître à davantage. Et bientôt, ce nouvel album, Let in the Light, qu'on dit apaisé sans être pour autant rangé. A suivre...