mardi 24 juin 2008

Hellfest 2008


Des mois que je suis sur le coup. Des années même. Al’époque du Furyfest, un pote de forum m’avait branché sur la venue des Melvins au Mans.
Mais c’est surtout depuis que je me suis remis au métal que ça me chatouille. Je suis les programmations, les péripéties. Je me dis : « putain, il me faudrait un job où je ne bosse pas du vendredi au lundi soir ». Bingo, je l’ai !
Mais j’y vais doucement : les récits sur l’édition 2007 et les souvenirs de camping aux Vieilles Charrues orientent sur un seul jour. Ce sera le dimanche, compte-tenu de la programmation et malgré l’obligation de mes acolytes de se lever le lendemain matin pour aller au boulot.
Samedi soir, 21 juin, ça joue dans la ville. Je squatte chez les filles du Club pour être plus en forme (qu’à la maison où mes chipies sollicitent la nuit) et faire moins de bagnole le jour même. Elles sortent, je reste regarder le match, même pas jusqu’à la fin pour être au pieu vers 22 h. Allez Russie !
9h 30, RDV avec Benoit et Arnaud au pied de l’immeuble. Le second arrive quasi à l’heure, mais dans un état pas très compatible avec une journée de festival : la veille il a fêté sa future seconde paternité. Mon cousin nous rejoint deux minutes plus tard et fait remarquer en souriant que le temps passe mais les choses ne changent pas. Je dis que si : ils sont à l’heure.
Dans la voiture on cause à deux, derrière ça roupille pour récupérer.
Même pas deux heures et nous voilà à Clisson. Des jeunes tout de noir vêtus s’éloignent du site pour aller « shopping, beer ! ». Nous on est en blanc ou en bleu (moi j’ai choisi le T-Shirt Dylan que ma compagne m’a fait il y a quelques jours). On casse la croute et on déconne sur le boulot d’Arnaud. En ce moment il est avec des gosses au langage extrêmement fleuri, dans un établissement spécialisé.
On y va. Il faut faire un grand tour , en longeant le camping, récupérer des bracelets, se faire fouiller à l’entrée du site. Tout roule, pas d’attente. Il est un peu plus de midi, on est complètement dans les temps. On va pouvoir traverser le site pour atteindre la Discover Stage où doivent jouer Between the Buried and Me. Avant ça, un petit caca dans des chiottes propres avec du papier. Les festivaliers se donnent le tour sans problèmes (puisqu’on en est là : il y a toujours moyen de pisser pas loin d’où on est et pour moi c’est un vrai confort).
C’est marqué dans le programme : USA, Metalcore-Metal progressif. C’est d’un très haut niveau technique, ça plait à Benoit, à moi aussi. L’usage des bouchons d’oreilles s’avère judicieux. On est sous un chapiteau en fait. Et ça aussi c’est judicieux parce que si l’invité de l’année dernière c’était la pluie, cette fois-ci c’est le soleil. Un soleil qui a déjà beaucoup cogné la veille et nous permet d’admirer beaucoup de vanille-fraise (mais comment il a fait celui-là pour avoir une bande du cou au nombril ? Chemise ouverte me répond judicieusement Benoit).
Bon question musique ça démarre vraiment bien en fait. Ah j’ai oublié, Misanthrope jouait quand on est rentré. Groupe français, chante en français, pas une bonne idée.
Notre technicien son s’occupe de nous amener et nous ramener (alors qu’il est celui qui a le plus de route), Arnaud va se charger de nous faire boire. Un panneau prévient « 50 jetons maximum » (= 50 euros). « Bonjour mademoiselle, je voudrais 50 jetons svp ». Première tournée, je suis le seul à boire une bière. A nous 3, en tout, sur près de 12 heures, il y en aura 3 de bues, dont 2 pour moi et une pour mon témoin qui revendra la plupart de ses boutons roses sans soucis. Je constate à voix haute qu’on est tous pères de familles et ça me fait bizarre de l’entendre.
Municipal Waste est sur la Secondstage et ça fait du bien. C’est confirmé, on est au moins deux fans de Thrash. Mais on fait les enfants gâtés qui en auront plein à se mettre sous les dents et on ne suit pas tout. Erreur.
Soilwork a été remplacé. Par un groupe très naze, à chanteuse, qui nous informe de qui ils prennent la place mais pas de qui ils sont. S’en fout.
On va s’asseoir sur un banc, on cause, histoires de famille, secrets des aïeux.
Year of no light démarre et finit en avance ; c’est con, on loupe 10 mn sur 30. Z’étaient en interview dans Noise. Normal, c’est très très bon : entre Neurosis et du Shoegazing, pour faire court.
Forbidden nous cueille quelques pas plus loin alors qu’on quitte le chapiteau. Du thrash, c’est bon. On va au point d’eau. Ça aussi c’est très bien vu. 14h, le soleil dit midi.
Rose Tatoo. Du hard-rock australien venu des 70’s. Nickel. Un chanteur qui a plein de choses à nous dire sur l’amour et pour qui il faut mourir, mais surtout qui a la voix de Bon Scott en chantant un peu, en parlant beaucoup. Devait y avoir un filon là-bas. Très bon moment.
On ne doit plus bouger normalement puisque mes petites croix sur le programme indique que maintenant jusqu’au départ, c’est Mainstage et Secondstage, installées l’une à côté de l’autre.
Donc on enchaine avec the Dillinger Escape Plan. Benoit à qui j’ai prêté des disques prévient Arnaud : ils sont cinglés. C’est vrai. Le pire ce n’est pas le chanteur qui pourtant grimpe où c’est dangereux, emportant même des éléments de batterie en fin de set après avoir balancé son pied de micro dans la foule. Non le pire c’est le guitariste de gauche. M’étonne pas qu’il se casse des trucs des fois. Et celui de droite est pas mal non plus avec sa crête péroxydée. Et la « musique » ? Déjà avant qu’ils jouent, Benoit disait qu’il n’avait jamais entendu une balance de batterie comme ça :en 20 s, plus de roulement que dans tout le set des Rose Tatoo. Frénétique.
Meshuggah est l’autre groupe dont on attend beaucoup, et la grosse déception pour moi. Faut peut-être que j’arrête de faire confiance aux decriptifs, ou alors c’est trop complexe pour mes oreilles et je ne me rend pas compte de ce qu’il y a dedans. M’emmerde.
Obituary prend la suite. On est fan de thrash, pas de Death Metal. On va manger. Je me fais arnaquer et en plus je perds mon super verre hellfest consigné que je voulais garder. Chier.
On voit un bout de The Ocean. Pas assez.
Après avoir causé cul pour nous rappeler des souvenirs en commun, on file voir Opeth qui me fait le même effet en concert qu’en disque : moyen. Et pourtant, deux jours après, c’est encore eux que j’ai dans la tête. « Meilleur chant guttural » pour Benoit.
My Dying Bride prend la suite. Doom, lent donc. Pas l’idéal alors qu’on fatigue et qu’on se rend compte qu’on a cramé. Je dis que ce serait mieux le soir, Ben ajoute « dans une cathédrale ». C’est familial sinon. On est à moins de deux mètres de minettes de 12 et 14 ans à tout casser, qui lisent tranquillou leurs bouquins sur le gothique achetés à l’extremmarket. Papa et maman viennent s’intaller à côté, lui cattogan et lunettes surfeurs, elle la quarantaine correct, les deux petits gilets cuir. Un peu plus loins une femme enceinte (au moins 7 mois) qui demande à son mec de se rapproche de la scène. On est pourtant pas loin.
Tiens question gosse, ça me rappelle qu’à notre arrivée on a vu débouler un motard cross à peine plus haut que ma fille de 4 ans, qui se prenait les buttes menant au chapiteau.
Je dis que No FX va nous faire du bien. Je ne peux pas savoir à quel point j’ai raison.
Ils arrivent et ils commencent par dire des conneries : qu’ils n’ont qu’un seul morceau (et ils commencent une reprise d’Iron Maiden), qu’ils vont parler pendant un quart d’heure et faire de la musique après, que le mec avec les cheveux verts a vraiment l’air stupide etc…
Foutage de gueule totale sur le métal pendant tout le set, ou presque. Le meilleur moment étant celui où Fat Mike tient à faire remarquer que leur batteur n’a qu’une simple pédale, le gus commence à jouer (à toutes berzingues) et l’autre l’arrête en nous prenant à témoin avec son index : « one single pedal ! ». Je crois entendre Jack Black.
Il y a eu aussi l’intervention sur le drapeau (qui tranche avec les commentaires du chanteur de Rose Tatoo, avec tout le reste en fait), un drapeau américain qui fait dire au bassiste qu’il faut le virer, qu’ils ne sont pas fiers d’être américains, qu’ils sont fiers d’être alcooliques.
Je ne peux pas tout raconter, je ne sais même pas si j’aurais eu le temps de prendre des notes avec le carnet que je voulais emmener.
Sinon musicalement c’était parfait. Putain, je sais ce que je veux écouter comme disques dans les prochaines semaines !
Et puis aussi, je sais ce que je veux faire quand je serai grand : je veux être Eric Melvin. Je vous jure que c’est vrai ! A propos de grand, ça me rappelle quand Mike a demandé qui avait moins de 18 ans, pour ensuite lancer « fuck the kids ». Et la reprise de « Champs Elysées », et les morceaux reggae. Le seul noir que j’ai vu du festival dansait comme un fou à côté de moi et connaissait toutes les paroles.
A la fin du set, un type à lunettes et à poil a fendu la foule en arrivant derrière nous, et Arnaud s’est fait un peu bousculer par une nana en fauteuil roulant qui lui a expliqué qu’elle essayait de suivre le zig pour prendre son cul en photo.
Moralité : le meilleur dans les festivals de métal, c’est les groupes de punk-rock.
Après ça on va s’en jeter une derrière la cravate pendant At The Gates (Death metal mais mélodique, mais toujours pas bon). Un Anglais plus grand que moi d’au moins 15 cm (je fais 1,84m) avec au moins 30 kg de plus (un bon 73kg) me renverse une partie de son verre dessus puis me demande très gentiment d’où je viens, comme je dis Bretagne, il commence à m’expliquer qu’on est du même sang. Je dis oui, il est très bourré et j’entrave que dalle.
En allant à nouveau vers la discoverstage, nous verrons des Clissonnais. Ils sont facile à reconnaître : ils ont plus de 50 ans et on dirait qu’ils sont dans une réserve, pour observer. On croise ainsi un couple tout de blanc vêtu (cheveux compris), puis d’autres ensuite que les premiers rejoignent, mais ceux-ci on fait l’effort d’avoir des chemises noires (effort méritoire sous le cagnard) et dodelinent de la tête pendant le set des Suédois décidément pas assez mélodiques.
Sous le chapiteau, on a le temps de ne choper que 5 mn de Dying Fœtus et c’est bien dommage parce que je me disais que le Grind serait pire que le Death et en fait non, niveau son, je suis bien plus client.
Retour vers la Mainstage pour ce qu’on avait prévu être le dernier groupe pour nous : Motorhead.
On s’était fixé 23h30 comme départ. Avant qu’ils démarre je propose 23h15. Pendant qu’ils jouent je me dis : je vais essayer 23h. Mais quand je me retourne, à moins 10, j’en vois un qui s’étire le cou et l’autre qui baille à s’en décrocher la machoire. Pourtant c’est efficace mais on est HS, et tous d’accord pour rentrer.
Et tous d’accord pour revenir l’année prochaine.
Peut-être bien pour deux jours.
Sur le chemin, j’achète du muscadet avec une étiquette du festival. Faut que le mette au frais.