lundi 7 décembre 2009

TRANSMUSICALES 2009 - Samedi 05 Décembre 2009 - Mr B.

Après l'excellente soirée de la veille, il ne fallait pas rêver non plus. Ce fut un net cran en dessous. Je vais donc être un poil plus expéditif.

On commence pourtant fort bien. D'abord en étant tous à l'heure et en savourant le moment où le parc est encore presque vide. ça ne va pas durer. La soirée est annoncée complète.



Après Slow Joe et Naomi Shelton, c'est au tour du papi ultime de ces trans de faire son show. Sixto Rodriguez, loser magnifique ressortit du néant de ses bides des seventies ouvre le bal. Je ne vais pas jouer les cyniques, j'ai vraiment trouvé ça émouvant de voir ce bonhomme au talent indéniable faire son improbable come-back. La formule live n'apporte pas grand chose à l'œuvre. Le rallongeage de sauce systématique à coup de solo finit même un peu par agacer. Pourtant le gars, même bien fatigué a toujours une présence et une classe folle. Et puis l'essentiel est là : sa voix incroyable et ses chansons malicieuses et acides. Une très belle ouverture donc.

Ça s'enchaine très bien avec le DJ irlandais de The Japanese Popstars. Le trio mixe avec une efficacité redoutable à défaut d'originalité. Sur scène il se démène joyeusement et un tour de main c'est dans la poche. L'énorme hall 9 entre rapidement en ébullition et on rentre dans la danse avec plaisir.

On s'arrache un peu à regret pour aller voir les sud africains de Blks Jks. Sur le papier, leur rock mâtiné d'expérimentations avait tout pour me plaire. Pourtant après une longue intro très prog/free jazz pas très inspiré, le quatuor peine vraiment à décoller on s'ennuie assez rapidement.

On enchaine donc rapidement avec le funk cinématographique des français de Push Up. Sur scène, il y a du monde... et de la sape ! Ça commence très classe avec une intro à la flute traversière tout à fait appétissante mais malgré l'entrée toute en souplesse d'un trio de chanteurs, là encore ça ne décolle pas. On aimerait bien entrer davantage dans l'histoire très blaxpotation de Jessy Brown mais la sauce ne prend pas.



On file donc rapidement pour la vedette du soir : Mr Oizo. Je suis très déçu de découvrir que le gars n'est ni jaune, ni difforme. Ça commence assez fort et l'implacable tube «vous êtes des animaux» déboule assez vite avec une efficacité redoutable et un hilarant final «Vous avez tous la grippe A/Vous allez mourir à Rennes». Passé ça, le bonhomme perd en fluidité et le set se fait beaucoup moins dansant. Ce n'est pas désagréable à écouter. Il y a plein de petits sons rigolos. Mais pour bouger ses fesses, ce n'est quand même pas l'idéal. Le hall 9 bourré à craquer ne semble pas s'émouvoir pour autant et saute comme un seul homme. Sur ce coup là, on les trouve vraiment bon public.

Après ça, une pause s'impose. Hélas, en allant chercher de quoi nous désaltérer, je ne me doute pas un instant que je vais être précipiter sans espoir de retour dans les horreurs insoutenables de la terrible BeerKrieg. L'imparable combinaison d'un parc expo plein, d'un manque de personnel au bar et de l'absence inexplicable de ticket boisson fait qu'aller chercher deux demis se transforme en l'escalade de l'Himalaya pieds nus. L'ambiance est exécrable. Les gens se bourrinent, engueulent copieusement les serveurs ou leurs voisins. Bref, une demi heure exquise et reposante. Un peu secoué par l'expérience, je retrouve mon Boogie qui était sur le point de lancer un alerte enlèvement, avec deux binouzes au goût un peu trop amer.

Du coup, on ne voit que les deux derniers morceaux de The Carps, duo guitare/batterie canadien. Dommage parce que les gars ont vraiment une belle présence et une énergie indéniable.


On tient tout de même jusqu'au trio The Politics dont le rock/rap énergique promettait de belles choses. Le mélange Beastie Boys/Weezer est vraiment sympa. Les gars bougent bien et le guitariste a la plus belle coupe de cheveux de ces Trans (avec celle de Slow Joe). Bon, il n'y a pas non plus de quoi s'ébouriffer plus que ça et le bidule manque peu être un poil de rage ou d'attitude. Ou alors, c'est la fatigue.

Allez zou, il est trois heures. Au pieu et à l'année prochaine.
Ces chroniques sont dédicacées au genou de Fix et aux cernes d'Isabelle.

TRANSMUSICALES 2009 - Vendredi 04 Décembre 2009 - Mr B.


C'est un poil vexé de ne pas avoir assisté le jeudi soir au retour des Trans en centre ville dans la «mythique» salle du Liberté que je déboule dans nos halls favoris en compagnie du beau et flegmatique Boogie. C'est amusant de voir comment une grosse boîte moche, au son pas terrible peut devenir légendaire en fermant trois ans. Bon, je suis carrément de mauvaise foi parce que je dois bien avouer avoir une belle pelletée de souvenirs extraordinaires de concerts dans cette salle.
Haaaaaaaaaaaaaa, la soirée des guitares de 1992 !



Foin de nostalgie facile et retour à cette excellente soirée qui commençait sous les meilleurs auspices. Les joyeux drilles islandais de FM Belfast font une ouverture parfaite avec en point d'orgue une reprise du « Kiling in the name of... » bariolée aux synthés 80's et totalement imparable.


On enchaîne illico presto avec Gaggle, une chorale anglaise glam punk. Oui, moi aussi ça me fait drôle de l'écrire. Sur scène, seize charmantes demoiselles vêtues de tenue de scènes chamarrées se démènent avec entrain pour faire vivre leurs ritournelles féministes pleines d'humour et de fraîcheur. La technique vocale est loin d'être irréprochable mais on s'en fout totalement tant leur malice et leur verve est communicative. Seul bémol, le set est un peu court et qui se termine un poil brusquement. Dommage.


On aperçoit rapidement l'andouille professionnel Mr Eleganz, chanteur des Success que l'on avait aperçu l'année dernière et qui m'avait bien fait marré dans le genre pêchu qui en fait des caisses. Cette année, il mixe et ça ne l'empêche absolument pas d'en faire des tonnes pour notre plus grand plaisir en se trémoussant comme un dément sur Propelerheads.



Le chanteur des australiens de Lost Valentinos ayant eu des soucis autoroutiers, ce sont les SlowJoe & the Ginger Accident qui prennent leur place. Je vous fais le pitch parce qu'il vaut le détour : ce groupe est la rencontre improbable d'un soixantenaire indien, chanteur de rue bien cabossé et d'un musicien lyonnais. Le résultat est un très touchant blues-rock, classique, pas toujours en place mais foncièrement émouvant et avec de vrais bouts de magie dedans.



C'est reparti ensuite pour un flip-flap musical avec l'electro-raga de la jamaïcaine Terry Lynn. Suite à l'écoute de quelques titres enflammés, on en attendait beaucoup. On en attendait peut être un peu trop. Pourtant au premier abord, ça envoie le bois. Beats agressifs, paroles ravageuses et projections vidéo impressionnantes... mais hélas ça tourne vite à vide. Le flow semble pas si bien assuré que ça. Il y a des musiciens sur scène (deux batteries et une guitare) mais on ne les entend absolument pas derrière le DJ. On finit donc par lâcher l'affaire assez rapidement.


L'infernal zapping kaléïdoscopique continue de plus belle avec un petit coup de guitares saturées des anglais de Detroit Social Club. Des mélodies carrées, un chanteur avec une belle présence et une jolie voix éraillée et nous passons un nouveau moment fort agréable.

Le seule vraie truc emmerdant de la soirée fut Jessie Evans. La belle californienne a beau se trémousser de fort belle manière sur les rythmes de son batteur, il ne se passe pas grand chose. Nous enchainons aussi sec sans état d'âme.


Fever Ray, projet parallèle de la chanteuse des suédois de The Knife, était ce qui pouvait se rapprocher le plus d'une tête d'affiche pour cette soirée. C'est dire. On retrouve d'emblée les ambiances sombres, tribales et mélodramatiques de cette musique proche de celle de Cocteau Twins ou Dead Can Dance. Musicalement, ça tient diablement la route. Les rythmes sont hypnotiques et tous les éléments (voix, guitares, effets) sont riches et parfaitement en place. Visuellement, c'est un peu contradictoire parce que si les costumes ont l'ait super soignés, on n'aperçoit pas grand chose (à peine des silhouettes et quelques lampes du plus belle effet) tant la scène est plongée dans une brume poisseuse. On regrettera surtout que l'heure tardive n'aide pas à apprécier d'avantage des tempos aussi langoureux.



Et hop, un nouveau changement d'ambiance radical avec l'electro-ragga survitaminé et caricatural de Major Lazer. En fait de gradé, on a surtout ce filou de Diplo qui nous avait déjà filé une bonne suée l'année dernière. Les deux danseuses et les deux MC sont juste là pour la galerie. On retrouve immédiatement le style de l'américain : ça mixe court et fort avec un rythme d'enfer. Si on accepte le côté outrancier et le défilé de poncifs raggamuffins poussés à leur extrême, on s'amuse beaucoup à ce show régressif, libidineux, idiot et totalement assumé.


Nous voilà repartis aux antipodes du précédent avec The Field. Le projet du suédois Axel Wilner est totalement à l'opposé de ce que l'on vient de voir. Son electro planante jouée ici avec l'aide d'un batteur et d'un guitariste est un modèle de finesse tout en conservant une puissance folle. Le set démarre sur un long morceau agressif et répétitif au possible pour s'adoucir (un peu) par la suite. La richesse sonore et l'énergie dégagée est vraiment revigorante pour cette heure tardive et nous redonne jusque ce qu'il faut de patate pour prolonger encore un peu le plaisir.


On sacrifie les belges d'Aeroplane sur l'autel de la galette saucisse. On s'offre au passage une petite demi-heure assise pour jeter une oreille sur les suivants que je sentais plutôt bien.



Sur ce coup là, j'ai eu du flair. Le prudent « on reste cinq minutes pour voir si c'est bien » vole en éclat dès les premiers instants du set volcanique du quatuor américain Solillaquists of sound. Les deux couples bricolent avec talent et assurance un rap positif et endiablé proche dans l'esprit des frondeurs DeLaSoul ou autre Arrested Development. Non seulement l'esprit est enjoué mais techniquement ça vole aussi très haut. Les beats sont savants et imaginatifs et les deux MC nous font un duo de voix réellement impressionnant. Entre le flow millimétrique et nasillard du gars et les accents soul de sa dame, c'est un vrai bonheur. Quand cette dernière, reprend le Strange Fruit de Billie Holiday en intro d'un morceau, on écoute ça avec des frissons dans le dos. De la très bonne musique, jouée avec talent par une bande éminemment sympathique, voilà une belle façon de finir cette excellente soirée en apothéose.

On va se coucher. Il est quatre heures du mat. On est resté huit heures sur place. On a vu onze concerts. On s'est totalement régalé. Wow.

TRANSMUSICALES 2009 - Jeudi 03 Décembre 2009 - Boogie Man

Et voilà, c'est reparti pour une nouvelle édition des Transmusicales !

Je me suis décidé au dernier moment pour la soirée du jeudi, à la fois pour le plaisir de retourner au Liberté, mais aussi et surtout pour voir le premier groupe qui tournait en boucle sur mon ordi depuis une semaine.

J'arrive très tôt pour ne pas rater le premier concert, et première bonne surprise, on passe par le Village, où se situent aussi les bars et stands de restauration.
Je chope une petite binouze coupé à l'eau, et je m'aperçois assez rapidement que l'on risque de passer une bonne partie des Trans à attendre son demi (il n'y a pourtant pas grand monde à cette heure, mais le remplacement du système ticket par de vieilles caisses enregistreuses allait mettre nos nerfs à rude épreuve...).

Je file enfin dans la grande salle du Liberté : alors que dire, c'est tout beau, tout propre, tout neuf, on circule plutôt facilement dans le hall d'entrée, mais dans l'ensemble, la structure est la même.
Le son est bon mais les points noirs subsistent :
- 0n ne voit toujours rien des gradins de côté.
- L'accès au Liberté haut (euh, pardon... Liberté l'Etage, ça a dû cogiter dur pour trouver un nom pareil...) est toujours engorgé (4 portes, deux pour la salle, deux pour les toilettes, ça fait un chassé-croisé pénible, surtout quand tu te plantes).

Direction Liberté Bas, où The Whitest Boy Alive viennent de commencer. Le nouveau projet du norvégien Erlend Oye me titillait les oreilles depuis une bonne semaine : en épluchant la programmation, je me suis retrouvé scotché sur leur Myspace.
Donc je vais manquer d'objectivité sur le coup : j'ai trouvé ça vraiment sympa en concert, même si le reproche qu'on peut le faire est d'avoir joué l'album, sans apporter grand chose de plus en live.
Les mélodies t'accrochent tout de suite, un clavier qui sonne eighties, sans tomber dans la caricature, mais complètement assumé quand même, des références évidentes (Daft Punk, Artics Monkeys, Julie Piétri...).
Quelques moments sympas de live (tout le groupe en « arrêt sur image », et surtout le grand chanteur se lançant dans une danse digne du Grand Guru, c'est-à-dire tout en hanches !).
Le public réagit plutôt bien, il faut dire qu'ils ont la tâche ingrate de débuter...
Ca n'est pas le concert des Trans, mais c'est la révélation des Trans (en ce qui me concerne, bien évidemment !).

J'enchaine directement au Liberté Haut avec 78 RPM selector, qui ne m'avait pas fait grande impression l'année dernière en ouverture de The Residents. Mais cette année il y a avec eux Ezra, beatboxer qui m'avait fait forte impression en 2006.
Bon, c'est assez conceptuel, je ne capte pas tout, mais c'est captivant, surtout lorsque le performer Olaf Odgari au regard plus qu'inquiétant, et le virtuose Ezra s'associent. C'est très tribal, Olaf danse sur les basses vocales inouïes d'Ezra, difficile de décrire le truc.
Le problème, c'est les interludes jazz des années 20, c'est long, ça casse le rythme, et surtout ça n'apporte pas grand-chose.
A ranger du côté des inclassables.

Je file me chercher un demi (vu le temps d'attente, ce sera finalement une pinte..), et j'arrive pour la fin de VV Brown. C'est carré, ça joue bien, la chanteuse assure, mais ça ne me fait rien du tout. Beaucoup d'arrangements (trop peut-être...), je décroche un peu avant la fin pour allez voir Beast au Liberté Haut.

Coup de bol, j'ai su après coup qu'un bon paquet de gens n'avaient pas pu rentrer, faute de place.
Le souci c'est que pendant tout le concert de Beast (1 heure), il n'y avait rien au Liberté Bas : 6000 personnes et une salle de 800 places, y'a comme un souci...
Alors je me suis donc retrouvé un peu par hasard au Liberté Haut, et je me suis ramassé une bonne claque ! La prestation du groupe est excellente, une grosse énergie mais bien canalisée, avec une voix et une présence incroyable de Betty Bonifassi (ex-chanteuse de Champion, qu'on avait raté en 2005, je crois).
La salle est parfaite pour ce genre de concert avec une scène relativement petite et un son excellent (sans bouchons, s'il-vous-plait !).
C'est un mélange de rock énervé et de hip-hop, ça me faisait penser à Rage against the machine, l'urgence en moins (je me comprends...).
Ils avaient l'air d'être heureux d'être là, et nous aussi ! Avec en final un gospel réinventé, parfait pour clore cet excellent concert. Je suis curieux d'écouter ça sur album.

A nouveau la galère pour saisir une bière (avec l'aide d'un père d'élève), et je rejoins les adorables voisines pour écouter un petit bout d'Abraham Inc. Le mélange (assez improbable sur papier) de musique ashkénaze, de funk et de hip-hop fonctionne parfaitement.

On file faire un tour au Liberté Haut, avec DJ Sandra, une adorable poupée russe, toute sereine derrière ses platines.

Mais il est temps de rentrer, boulot demain et surtout deux soirées au Parc Expo dans la foulée !

mercredi 14 octobre 2009

Shannon Wright en concert à l'UBU, Rennes, 8 octobre 2009

Ce jeudi 8 octobre, l’Ubu accueille Shannon Wright et Yeti Lane, le groupe parisien qui assure la première partie. A priori, la soirée affiche complet, ce qui ne me surprend pas une seconde ! Dire que j’attends ce concert avec impatience serait un cruel euphémisme. Shannon Wright est à mon avis, la plus grande dame de la musique actuelle en vie (expression inventée de concert avec The Hostess) et j’attends ce 8 octobre fébrilement depuis des semaines... The Hostess qui m’accompagne, tout pareil.


On a été mises en appétit avec l’arrivée, fin septembre du dernier opus de la dame, Honeybee Girls, à la sublime pochette et aux chansons parfaitement ouvragées (je vous fais une chronique d’ici peu). On attend donc de les entendre sonner sur scène !


Comment est-ce que je pourrais expliquer à quel point je suis fan de la musique de Shannon ? Dire que je l’ai vue plein de fois en concert ? Raconter que j’ai le 138ème digipack (sur mille) de l’édition limitée numérotée de Perishable Goods ? Expliquer que j’ai eu pour mon 30ème anniversaire une guitare Fender Jazzmaster crème et rouge (la même que Shannon Wright (Merci The Hostess)) ? Pas sûre que ça suffise. Bref, la musique de Shannon Wright touche à l’âme. Du moins à la mienne...

La soirée commence sous de bons auspices. Je croise Jean-Louis Brossard dans la salle, juste après sa présentation au micro des Yeti Lane. J’en profite pour le remercier du petit mot reçu le jour de mon 30ème anniversaire, coïncidant avec le 30ème anniversaire des Trans, signé par toute l’équipe des Transmusicales, accompagné du disque de la 30ème édition. Il trinque très gentiment avec moi. Je le laisse très vite profiter de la soirée, et je me faufile au milieu (enfin du moins j’essaie, les rangs sont très serrés ce soir !) du public pour écouter plus attentivement les Yeti Lane.



Trio guitare, batterie, claviers/basse, le groupe nous surprend très agréablement avec ses mélodies accrocheuses et ses arrangements (aux claviers ou aux chœurs notamment) plutôt habiles. Le batteur est loin d’être mauvais et on écoute le set d’une traite sans s’ennuyer. Pour le Guru qui aime les jeux des ressemblances, ça sonne parfois comme du Calc, parfois comme du Radiohead, sur un morceau comme du Grandaddy, mais sans s’y limiter... Bref, plutôt pas mal. Du coup, je leur achète leur premier album à la fin du concert. Pour apprendre les jours suivants que ce trio n’en est pas à son coup d’essai. Il s’agit de trois membres de Cyann & Ben (trois albums et une venue, me semble-t-il, il y a quelques années à La Route du Rock). Bref, le concert s’achève sur un rappel (une tradition à l’Ubu, merci M. Brossard) et une ruée vers le bar du public très nombreux. On en profite pour (espérance pas tout à fait confirmée) se placer mieux. Ma guitare arrive sur scène (d’ailleurs j’étais trop mal placée, mais il me semble que c’est aussi celle utilisée par le clavier de Yeti Lane...) et je suis aux anges. Je crois apercevoir Philippe Couderc, boss du label Vicious Circle (qui sort les albums de Shannon) à la rambarde. Il est bien placé, me dis-je, et je me dis que c’est quand même mieux ainsi (j’ai souvenir de sa déception quelques années avant, lorsqu’il tenait la stand merchandising pendant les concerts et qu’il pouvait rarement voir la totalité du set...).



Avant que ça commence, j’ai une pensée pour The Milk, qui assurait la première partie de Shannon à l’Antipode lors de la tournée de Let in the light. On l’avait découverte à ce moment-là, et on peut le dire, la jeune femme nous avait vraiment plu. On sait qu’elle appréciait Shannon, on espère qu’elle peut la voir, ce soir, de là-haut, si un là-haut existe...



L’ambiance se réchauffe et on est de plus en plus agglutinés quand le groupe arrive sur scène. Shannon tourne comme la dernière fois avec des barbus (certains sont même les mêmes !!) à la batterie, à la basse, et un nouveau membre qui a rejoint le combo sur scène, à la guitare (lui aussi une jazzmaster me semble-t-il) et aux « bidouillages ». Shannon quant à elle, se partage entre le piano et la guitare. On sent très vite une vraie ferveur dans le public, même si j’ai le regret de le dire, pourtant bien en deçà de celle qu’on vivra le lendemain à Nantes. Le concert débute par Tall Countryside qui ouvre le dernier album. Morceau plutôt folk s’il en est, mais que de gros soucis de sons (jack défecteux ? micro devant l’ampli HS ? Ampli en rade ?) viennent altérer. L’artiste ne se démonte pas pour autant, reste étonnamment calme et patiente, et continue de faire au mieux... Et c’est là qu’on se dit que c’est quand même une très grande dame... Parce que, malgré des soucis techniques, qui s’estomperont tout de même tout au long du set, une sorte d’abeille constante en fond sonore, et un son qu’on a connu bien meilleur, on ressortira du concert complètement soufflé, bluffé, dithyrambique... Les chansons tiennent vraiment toute la route et la prestation, même altérée, reste totalement incroyable.




Aussi, si on regrette que ce Tall countryside n’expose pas toute sa richesse mélodique en arpèges (a dream never came true), on reste admiratives et on se retrouve très vite emportées par l’avalanche rock qui déferle à sa suite. Les titres les plus rêches du dernier album (Trumpets on New Year’s Eve, Embers in your eyes) s’enchaînent dans une rythmique rock dévastatrice. Les membres du groupe de Shannon ont un talent monstre et une expérience (Slint...) respectée. Le bassiste bondit à chaque attaque rythmique et on ne peut que l’imiter. Le groupe est soudé et dégage une puissance incroyable. Shannon, bien sûr, nous envoie de vraies claques sonores. Quelle guitariste !! Et quelle chanteuse ! (même si elle ne se considère pas comme telle !)... Bref, une déflagration sonore qui nous laisse sans voix, hébétées... Après cette première partie toute en puissance sonore, le groupe enchaîne avec un second moment, (faussement) plus calme, Shannon pose sa guitare et s’installe au piano. On est tout aussi conquises.



En résumé, le concert balancera entre ces deux pôles pendant toute sa durée, les moments « éléctriques » avec Shannon à la guitare et ceux plus « acoustiques » (enfin avec une basse et une batterie !) avec Shannon au piano. L’impression finale sera celle d’un set bigrement équilibré, plein, sans temps mort et parfaitement pensé. Et ceci est d’autant plus remarquable que les morceaux choisis font la part belle à la majorité des albums de Shannon, aussi bien les morceaux de l’écorché Over the sun (Avalanche, You’ll be the Death of me, Black little Stray, Portray...) que ceux, lumineux, de Let in the Light (Defy my love, Louise, ...) tout comme le plus ancien, Dyed in the Wool (Hinterland, je crois aussi Less than a moment) ou même Maps of tacit (Within the quilt of demand...) . Bref, tout reste parfaitement cohérent.



On se surprend à se dire avec the Hostess, « tous des tubes, tous des TUBES ! ». Je remarque que la setlist reprend certains de mes morceaux préférés, et puis je rigole intérieurement en me disant qu’en fait ce sont les préférés des préférés. On a un vrai plaisir à ré-entendre Hinterland au piano (ça faisait longtemps). Je remercie le ciel pour You’ll be the death, j’ai le coeur serré sur Louise (ma Louise s’appelle Adrienne)... Bien sûr, certains cris du public ponctuent les débuts des morceaux les plus emblématiques de la dame, mais très sincèrement, tous les morceaux sont sublimes et sublimés. Aussi quand Shannon abandonne le micro pour chanter sans amplification par-dessus sa guitare sur un Black Little Stray d’anthologie, (même si celui du lendemain à Nantes sera encore plus intense, si tant est qu’on ait pu pensé que ce fut possible), son engagement est total et ne laisse personne indifférent. Vous pourrez d’ailleurs lire dans certains comptes-rendus de concert ou d’interview, la peur ou l’angoisse du chroniqueur. Shannon transperce le public et son regard montre bien qu’on n’est pas là pour rire. Je ne sais pas qui ou ce qu’est ce black little stray, mais je ne peux que lui conseiller de passer son chemin et de ne pas venir comme on le lui a demandé. Il vaudrait mieux pour lui.



Après un final abrasif, le groupe se retire avant un rappel, de trois titres, avec Shannon, seule, au piano. On entend toujours le silence dans les concerts de Shannon. Bien sûr au bar, on perçoit quand même quelques bières qui tintent. Mais devant la scène, c’est toujours la qualité d’écoute du public qui frappe. Les oreilles sont suspendues à sa voix, à ses mains sur le piano. Intense. Les musiciens rejoignent Shannon pour le dernier morceau. On peut féliciter ce choix audacieux : finir avec l’excellent Father. En grande fan des expérimentations de Thom Yorke sur Eraser, je ne peux me lasser de ces beats froids tout en cliquètements qui ponctuent ce nouveau titre. On est surprise de voir Shannon sans guitare, sans piano, avec son seul micro... Sa voix tout en reverb’ remplit l’espace et achève le concert comme dans un rêve.



De notre côté, on reste sans voix, abasourdies.



Heureusement qu’on va la voir demain à Nantes.



On finira sur ces mots à elle pendant le concert.



« Nice to see you ».

dimanche 22 mars 2009

Parcours épisode 1part1 : La famille

Ben oui, pas plus originale que les autres je commence mon parcours dans le salon familial. L'occasion de lancer un défi à e-girl : identifier toutes les chansons représentées ci dessous
Parcours I1

mercredi 25 février 2009

Top 2007

Il fut un temps où j’espérais arriver à un Top 10 de l’année représentatif, à mon avis, des avancées des, disons pour faire vite, « musiques actuelles ». J’espérais avec une infinie candeur, m’approcher le plus près possible d’une vérité. Pff, avec l’âge, je me rends compte de la vanité d’une telle entreprise et je change mon fusil d’épaule, ou plutôt mon saphir de bras... Bref, maintenant, je fais des tops qui ne prétendent rien, si ce n’est une trace du plaisir que m’ont laissé les disques qui le composent. Voici donc, bien en retard, mon top de 2007. Mes disques préférés. Je ne prétends pas que ce soit les meilleurs. Juste ceux que j’ai plus écoutés que les autres ou ceux qui m’ont donné les plus grosses claques.

P.J. Harvey, White Chalk
Arrivée dans mes oreilles aux premières orées de l’automne, cet album emporte tout. J’ai lu Wuthering Heights peu de temps avant. Et ça colle. Cette voix, sur le fil, à la limite de la fêlure... Cette rage qui fait fi, tout l’album de l’électricité... J’aime tous les putains de morceaux de ce disque et aucun ne me laisse de répit... Pendant quelques semaines, je n’ai rien pu écouter d’autre. Et pire, à chaque note finale, je ne pouvais faire autrement que d’appuyer sur replay. Les poils, comme on dit dans le Club ! Et les yeux mouillés. Très loin devant avec le deuxième, très très grande classe. Respect éternel, Polly Jean...

Florent Marchet, Rio Baril
Mais quel disque, quel disque ! Je me souviendrai longtemps je crois, de la première écoute. Rien de plus banal, pourtant, 50 minutes de voiture pour aller au boulot et un nouveau disque glissé dans l’autoradio. Mais voilà, c’était sans compter sur ce gars bourré de talents qui me fait quitter ma Clio pendant tout le trajet pour un village sûrement pas très lointain de celui dans lequel je vais bosser. Tout commence comme dans un film de Morricone, un sifflement au loin... Le ton est donné, d’ailleurs esquissé par le titre, Rio Baril (jeu de mots, je suppute, sur Rio Bravo et Rio Brésil) et la pochette : Florent Marchet de dos, sa chemise à carreaux et son levis dans le soleil qui regarde des barils... pas de pétrole, mais de bêtes silos de céréales ( ?) d’une usine ( ?) de campagne de par chez nous, à la sortie du village... De loin, on pourrait croire l’Amérique, mais non... L’intro, donc, un instrumental, qui rappelle Morricone se pervertit par l’entrée inopinée d’une sorte de guimbarde iconoclaste... On a changé de film ?...

On est à Rio Baril, son univers impitoyable... Mais en fait de dollars, voici la cité au baril : « son clocher, son école, sa place, ses cafés, son Crédit Agricole ». « Sa grande surface, rue de l’avenir ». Faudra repasser pour l’héroïsme... Un bled paumé d’où les jeunes rêvent seulement de s’enfuir. C’est le théâtre à peine sordide, même pas vraiment glauque de l’histoire qui suit, sur 15 titres. Dans ma voiture, ce matin-là, je suis suspendu à chaque mot. L’histoire qui se dit dans mon auto est drôle et tragique, je n’en perds pas un souffle. Florent Marchet est un conteur, un vrai. Toute la vie se tient entre ses lignes. Attention talent ! Essayez, vous, de raconter une histoire avec toutes ces ellipses qu’imposent les formats de l’album et des chansons ! Et le bonhomme est en parallèle un orfèvre en matière sonore ! Les arrangements du disque sont magnifiques, des cordes MelodyNelsoniennes esquissées parfois, aux trompettes et cuivres, jusqu’au banjo sufjanstevensien, on en a pour ses oreilles. Dans ma Clio ce matin-là, je sais que j’ai trouvé un disque qui va m’accompagner longtemps.

Mia, Bittersüss
D’abord je suis touchée par la pochette et cette candeur affichée. Et puis j’aime vraiment ce disque. Je l’écoute énormément. Et particulièrement en marchant. Entre pop électronique et techno minimaliste, la kölnichoise ( ;-) ) exilée à Berlin, offre un disque personnel, plein d’une sensualité douce-amère à l’image de son titre (Bittersüss en allemand). Deep, hypnotique, gracile, sensible et fragile tout à la fois.
(Attention à ne pas confondre avec M.I.A, la londonienne, que j’aime beaucoup aussi d’ailleurs)

Shannon Wright, Let in the Light
Bien sûr, ce n’est pas mon disque préféré de cette TRES GRANDE DAME. Mais c’est un excellent album pour autant. Shannon Wright fait partie de ceux (rares ?) dont l’exigence musicale ne faiblit jamais. Alors, bien sûr après l’abrasif Over the sun, ce nouvel opus semble plus calme (d’aucuns disent plus serein... peut-on en être sûr, pour autant avec Shannon ? Pour qui l’a vu en concert et est resté pétrifié, on arrive difficilement à croire que sérénité rime avec son nom à elle. Mais qui sait... c’est en tout cas, tout le mal qu’on lui souhaite !). C’est dû en partie au piano, plus souvent présent que la guitare (une fender jazzmaster ;-) ) sur ce disque-là. Mais l’évidence mélodique qui saisit ici (qu’elle soit presque légère sur « Defy this love » ou dramatique...) n’a rien à voir pour autant avec la facilité. Shannon se fait limpide. Tout en restant mélancolique et émouvante.

Radiohead, In rainbows
Ben je l’ai écouté après tout le monde. J’imaginais me retrouver face à un bon disque sans pour autant atteindre les deux comètes (Ok Computer & kid A ou même la claque émotionnelle de Thom Yorke en solo -Eraser-). Bien sûr, ce nouvel album ne me renverse pas comme eux... Mais pour moi, après écoute, l’adage se vérifie, un disque de Radiohead reste toujours un bon disque. Et sur la galette, un des titres les plus envoûtants du groupe : maintenant, je mets Nude sur toutes mes compil’.

Gui Boratto, Chromophobia
Le brésilien était déjà dans mon top de l’année dernière et cette année 2007 voit la confirmation de mon addiction à sa musique ! Une minimale pleine de reliefs. L’album est sorti sur Kompakt (pour moi, très souvent, un gage de qualité). Des bleeps et des progressions à la James Holden, une touche sexy moite à la Poker Flat (excellent label aussi, s’il en est), des beats souples à la Trentemoeller, des accents à la Dial (Lawrence, Pantha du Prince), une efficacité M_nus-ienne, une touche d’electronica rêveuse et avec tout ça on n’a même pas fait le tour de la galette... ah, ces brésiliens !!

Chromatics, IV
Bon je ne sais absolument pas si j’écouterai encore ce disque dans 10 ans, mais depuis que je l’ai, qu’est ce que j’ai pu l’écouter ! D’ailleurs de préférence la nuit au casque... Le premier morceau, les bruits de pas, la portière, et cette new wave synthétique qui emplit l’espace. Italians do it better, le label américain héberge ce trio de Portland, moins italo disco que ses autres signatures. Je n’ai aucun recul avec la new wave synthétique, avec le Cure de Disintegration, Siouxie, Joy Division, etc... Alors moi, ce disque, je ne peux que l’adorer. Je ne sais pas s’il restera, mais avouez que cette cover d’une de mes chansons préférées (Running up that hill de Kate Bush), ça le fait !

Liars, Stumm 287
Ben on rencontre certains groupes tardivement. Ils ont déjà une discographie bien remplie, les potes nous en ont déjà bien parlés, on a déjà lu un bon paquet de critiques positives, et pourtant, on n’a jamais écouté. Alors Liars, je les découvre avec ce disque, ce n’est peut être pas le meilleur, mais je n’en sais rien, je ne connais pas les autres. Stumm 287 sera ma porte d’entrée à moi. Sûrement pas le plus expérimental, d’après ce que j’ai compris, mais vraiment un disque que j’apprends à apprécier davantage à chaque écoute. Bon, le morceau d’ouverture est une tuerie, mais le reste de l’album vaut son pesant de cacahuètes aussi. Je crois que Pioup aussi l’a adopté...

Tocotronic, Kapitulation
Un groupe de pop-rock allemand... Pas très courant de le retrouver dans les tops de 2007 de ce côté du Rhin, mais je crois avoir ouï qu’en Allemagne, cet album est fortement plébiscité. Bien sûr, on reste dans une pop rock tout à fait accessible mais les textes, plutôt travaillés, nonobstant mon allemand not fluent, sont un vrai point fort de l’album. Musiques agréables, guitares électriques claires, mélodies accrocheuses et hop, le tour est joué. Et puis j’adore vraiment le dernier morceau Explosion...


Ah, qui va bien pouvoir finir ce top 10 ?... Et bien je botte en touche. Je mets le premier album électro-folk (oui !) de Chloé, The waiting room, vraiment réussi et personnel. L’inventivité de l’excellent Mirrored des Battles. La longévité de Björk avec ce Volta que j’aime vraiment beaucoup (Wanderlust est un de mes morceaux préférés). Une révérence appuyée à Electrelane et son dernier opus, puisqu’il n’en viendra pas d’autre (No shouts, no calls). Et une bonne dose du folk dérangée de Jason Edwards, Ouest. Je ne choisis pas, je les mélange comme autant de notes du parfum de 2007.




mercredi 18 février 2009

The Hostess – Un parcours : Episode 4

NIRVANA – Nevermind


Pour un événement important, on se rappelle où on était au moment où on l’a appris. Pareil pour certains disques. Je me rappelle exactement où j’étais à la seconde où j’ai entendu le riff de l’intro de “Smells like teen spirit”. L’album est bleu certes, mais je m’en rappelle vraiment comme une grosse vague bleue, en plein dans la tronche. Comme les vagues qui vous font tomber, les lames de fonds quoi (si si on en a en bretagne, surtout que l’eau est froide donc on perd facilement l’équilibre au bord). J’étais chez mon voisin du dessous, ça devait être fin 1992. C’était en train de devenir un de mes meilleurs potes, et on parlait déjà de monter un groupe de rock ensemble, si c’était pas déjà fait (cf ep.3). On était voisins, étudiants, on passait beaucoup de temps ensemble. Musicalement, j’avais tout à découvrir. J’avais envie de découvrir plein de disques, et j’y connaissais RIEN. J’ai toujours ou presque trouvé ma musique toute seule, donc avec le top 50, la radio. En gros j’écoutais Whitney Houston (et Texas of course). Je me doutais qu’il y avait autre chose. Et quand on a pas de grand frère à qui piquer les disques, pas internet (ça existait pas), et qu’on connait même pas les “inrockuptibles”, ben... on attends... Donc a m’a pris en main, et on m’a fait des mixtapes, avec talent. Le premier album qu’on m’a prêté c’est les Breeders, Pod. J’étais pas prête à la musique en vrac, ça l’a pas fait (après oui, carrément). Je savais pas ce qu’était un “sale son de guitare”. J’étais donc en pleine phase de transformation d’oreilles. Je découvrais le mot “rock indépendant”, et en quelques mois j’achetais plein des disques que mes copines connaissaient pas.
C’était donc une soirée entre copains classique, mais pour moi c’était très nouveau de trainer avec 12 personnes dans un appart. Et tout à coup brutalement, ils se sont tous mis à pousser les meubles. D’un seul coup 4 ou 5 gars ont empoigné la table, les chaises et tout viré dans les coins. et Tambour Battant le magnifique à mis tous les potars de sa chaîne à 11. Tant pis pour les voisins d’à côté, et la voisine du dessus est déjà là, c’est moi. Les guitares de Nirvana ont déboulé, j’étais assise. J’ai vu tous ces gars se mettre à sauter partout, littéralement. Et j’ai dit à la fin du morceau, C’EST QUOI CE TRUC ??????. J’ai adoré, tout de suite. L’album à tourné, tourné dans ma voiture, dans mon walkman. Et les soirées d’après, moi aussi je sautais partout. Parce que dans la foulée, j’ai aussi appris à faire la fête, à danser sans se prendre la tête, à boire du Bayleys, à rigoler toute la soirée. Je leur dois tout ou presque à cette bande là. On portait des grandes chemises à carreaux. Sans rire, c’est vrai. Enfin je crois. Notre groupe faisait de la Noisy Pop. on écoutait Ride. Encore une grande vague bleue.

( Youtube ) - NIRVANA Smells like teen spirit


The Hostess - Un parcours : épisode 3

TEXAS – Southside

Pourquoi j’ai mis tant de temps à passer à l’épisode 3? Je le saurais peut être en y allant.
Alors Texas... certainement LE disque le plus important de ma vie. et il ne s’agit pas ici de le défendre d’une manière ou d’une autre. Un parcours c’est beaucoup de musique mais aussi beaucoup de sa vie avec les disques. Alors je raconte, le disque qui a ouvert une porte, ou plutôt une fenêtre. Printemps 1990. J’étais en Terminale B, la classe des moyens partout. Ma vie était moyenne partout, assez morne. Je faisais de la guitare dans mon coin depuis quelques années. sur une corde, un ou deux accords. Très vaguement. Est ce que je rêvais déjà desespérément d’être dans un groupe de Rock? Je ne m’en rappelle pas. Il y a des choses qu’on a toujours su et qu’on sait un jour vraiment, en une seconde. Ma copine de lycée (celle de Wham – ep.2) n’arrêtait pas de fredonner “I don’t want a lover”, en disant que c’était sûr j’allais adorer cette chanson. J’ai acheté l’album (la cassette) pour lui faire plus tard une mixtape avec cette chanson. Et l’album n’a pas quitté mon walkman. Et c’était quelques jours avant l’Image. Le Clip, au Top 50. Love at the first sight. La révélation, mystique. Etre ado c’est un drôle de truc. A 18 ans, pas finie, à peine envie d’avoir mon bac, résolue à rester un an de plus chez papa maman, au chaud. Et avec ce clip, j’ai eu ENVIE. Envie d’avoir plein de copains, d’être dans un groupe, de chanter, de sauter partout, d’être libre, de faire la fête. Ca m’était pas arrivé avant. Techniquement j’étais amoureuse de Texas, du package. Je regardais le clip 20 fois (plus?) par jour. Je faisais plein de guitare, j’ai acheté (avant?) une imitation stratocaster et un ampli 10 watts. Je jouais à fond la disto. J’avais trouvé ma voie/x, je voulais être Sharleen Spiteri.

Mon film préféré était déjà Paris Texas, avant. Je croyais à fond aux “signes du destin”, j’appelais ça comme ça. Quand on est fan, on veut de la matière, pour coller dans le cahier de textes. Et là, c’était terrible. Le magazine papier Top 50 avait parfois des photos de Texas. Affreuses. Sharleen avait une tronche terrible sur toutes les photos. Je me souviens que c’était pénible physiquement la déception des photos des articles tant attendus. Puis j’ai su qu’ils allaient passer dans Rapido, l’émission Rock de De Caunes sur Canal +. J’ai attendu toute la semaine le dimanche d’après. Pénible la semaine d’attente. J’ai magnetoscopé l’émission et enregistré en même temps le son sur un dictaphone. Complètement incompréhensible l’accent écossais. Ils parlent, ils bougent. Je veux y être. je veux en être. jusqu’au surgissement du Réel : Concert annoncé à Paris, le 13 Décembre à La Cigale. Mes parents, conscients de l'enjeu majeur -leur coeur avait failli lâché plusieurs fois en me voyant me ruer en criant sur le magnétoscope du salon parce que Texas passait dans une émission le samedi soir- ont organisé le voyage à Paris, pour que je puisse aller voir mon premier vrai concert de ma vie. Affreux d’attendre, j’allais les voir en vrai. J’aimais pas trop ça les trucs réels, je préferais rêvasser. Et j’avais raison d’avoir peur pour le coup. Ce fût affreux. Elle avait les cheveux longs, elle était pas terrible. Elle avait plus la tête du clip. Ca me parait fou maintenant, mais j’étais déchirée, anéantie. Et ma copine de lycée avait adoré le concert. Ce n’est que des années plus tard, en aimant moins le groupe, que j’ai vraiment apprécié de les voir en concert, et que je l’ai trouvé super belle (faut dire que comme moi, elle s’est arrangé en vieillissant ;) ).
Finalement contre toute attente, j’ai eu mon bac, et je suis partie vivre à Rennes, j’avais mon appartement, il était super. J’ai foiré ma première année de fac, je n’allais pas en cours je connaissais personne. J’ai acheté ma deuxième guitare électrique, une copie de grosse gibson, comme celle du clip pour le Slide. Et puis l’année suivante tout à changé d’un coup. Je me suis fait des copines, on est devenues inséparables. Et je me suis fait des copains. J’avais jamais eu de copains garçons, à part quand j’étais petite. J’ai copiné avec mon voisin du dessous, qui était batteur, qui montait un groupe, qui m’avait entendu faire de la guitare. Je me rappelle du clip de Texas dans les bayous, on les voyait sortir tous ensemble nonchalamment d’un bar ou d’une maison. Je me repassais la scène en boucle. J’avais plus envie de vivre ça que d’être amoureuse. Un truc de fille unique de rêver d’avoir une bande? J’ai eu ma bande, tous les copains du groupe qui m’ont adopté, et j’ai eu mon groupe de Rock, avec des répêts, une maquette, quelques concerts, des affiches, des pass autour du cou pour le festival du coin. A dream came true. C’est même comme ça que j’ai connu le Guru du Club, on a joué la même soirée à la MJC de Villejean. J’étais une star. Je me sentais plus quand je transportais les amplis. Je prenais l’air dégagé du roadie qui fait ça tous les jours. J’étais pétrifié de trac, et pourtant j’adorais ça gratter ma guitare. J’ai même chanté dans le groupe, j’ai même écrit une chanson, que des gens ont bien aimé. Une chanson triste. Le groupe s’est séparé un an après. C’était pas encore la fin de la musique pour moi, ça viendrait plus tard.
A oui, j’écrivais Texas partout. Je l’ai gravé dans plein de savons. 3 animaux domestiques de mes amis, un chien, un chat et un hamster, se sont appelés Texas. Je ne parlais que de ça. Et ma mère me disait “ça te passera”, et je me disais qu’elle comprenait rien, que ça ne me passerait jamais. L’été 1990, on est partis en vacances une semaine sur un bateau. Je ne voulais pas y aller, pas question. je ne voyais pas comment je pouvais survivre physiquement une semaine sans regarder le clip, réellement. J’y suis allée, la mort dans l’âme, parce que j’ai toujours fait ce qu’on me disait de faire. C’était du tourisme fluvial, et en fait je marchais sur le bord de la rivière avec mon walkman vissé sur la tête, comme un malade qui marche avec sa perf.

J’ai toujours rêvé d’avoir la guitare de Sharleen, la Telecaster noire et blanche. Maintenant je peux me l’acheter. J’ai toujours cru que tout serait différent si j’avais cette guitare. J’ai peur qu’il ne se passe rien si je l’achète.

( Youtube ) TEXAS - I don't want a lover