mercredi 18 février 2009

The Hostess - Un parcours : épisode 3

TEXAS – Southside

Pourquoi j’ai mis tant de temps à passer à l’épisode 3? Je le saurais peut être en y allant.
Alors Texas... certainement LE disque le plus important de ma vie. et il ne s’agit pas ici de le défendre d’une manière ou d’une autre. Un parcours c’est beaucoup de musique mais aussi beaucoup de sa vie avec les disques. Alors je raconte, le disque qui a ouvert une porte, ou plutôt une fenêtre. Printemps 1990. J’étais en Terminale B, la classe des moyens partout. Ma vie était moyenne partout, assez morne. Je faisais de la guitare dans mon coin depuis quelques années. sur une corde, un ou deux accords. Très vaguement. Est ce que je rêvais déjà desespérément d’être dans un groupe de Rock? Je ne m’en rappelle pas. Il y a des choses qu’on a toujours su et qu’on sait un jour vraiment, en une seconde. Ma copine de lycée (celle de Wham – ep.2) n’arrêtait pas de fredonner “I don’t want a lover”, en disant que c’était sûr j’allais adorer cette chanson. J’ai acheté l’album (la cassette) pour lui faire plus tard une mixtape avec cette chanson. Et l’album n’a pas quitté mon walkman. Et c’était quelques jours avant l’Image. Le Clip, au Top 50. Love at the first sight. La révélation, mystique. Etre ado c’est un drôle de truc. A 18 ans, pas finie, à peine envie d’avoir mon bac, résolue à rester un an de plus chez papa maman, au chaud. Et avec ce clip, j’ai eu ENVIE. Envie d’avoir plein de copains, d’être dans un groupe, de chanter, de sauter partout, d’être libre, de faire la fête. Ca m’était pas arrivé avant. Techniquement j’étais amoureuse de Texas, du package. Je regardais le clip 20 fois (plus?) par jour. Je faisais plein de guitare, j’ai acheté (avant?) une imitation stratocaster et un ampli 10 watts. Je jouais à fond la disto. J’avais trouvé ma voie/x, je voulais être Sharleen Spiteri.

Mon film préféré était déjà Paris Texas, avant. Je croyais à fond aux “signes du destin”, j’appelais ça comme ça. Quand on est fan, on veut de la matière, pour coller dans le cahier de textes. Et là, c’était terrible. Le magazine papier Top 50 avait parfois des photos de Texas. Affreuses. Sharleen avait une tronche terrible sur toutes les photos. Je me souviens que c’était pénible physiquement la déception des photos des articles tant attendus. Puis j’ai su qu’ils allaient passer dans Rapido, l’émission Rock de De Caunes sur Canal +. J’ai attendu toute la semaine le dimanche d’après. Pénible la semaine d’attente. J’ai magnetoscopé l’émission et enregistré en même temps le son sur un dictaphone. Complètement incompréhensible l’accent écossais. Ils parlent, ils bougent. Je veux y être. je veux en être. jusqu’au surgissement du Réel : Concert annoncé à Paris, le 13 Décembre à La Cigale. Mes parents, conscients de l'enjeu majeur -leur coeur avait failli lâché plusieurs fois en me voyant me ruer en criant sur le magnétoscope du salon parce que Texas passait dans une émission le samedi soir- ont organisé le voyage à Paris, pour que je puisse aller voir mon premier vrai concert de ma vie. Affreux d’attendre, j’allais les voir en vrai. J’aimais pas trop ça les trucs réels, je préferais rêvasser. Et j’avais raison d’avoir peur pour le coup. Ce fût affreux. Elle avait les cheveux longs, elle était pas terrible. Elle avait plus la tête du clip. Ca me parait fou maintenant, mais j’étais déchirée, anéantie. Et ma copine de lycée avait adoré le concert. Ce n’est que des années plus tard, en aimant moins le groupe, que j’ai vraiment apprécié de les voir en concert, et que je l’ai trouvé super belle (faut dire que comme moi, elle s’est arrangé en vieillissant ;) ).
Finalement contre toute attente, j’ai eu mon bac, et je suis partie vivre à Rennes, j’avais mon appartement, il était super. J’ai foiré ma première année de fac, je n’allais pas en cours je connaissais personne. J’ai acheté ma deuxième guitare électrique, une copie de grosse gibson, comme celle du clip pour le Slide. Et puis l’année suivante tout à changé d’un coup. Je me suis fait des copines, on est devenues inséparables. Et je me suis fait des copains. J’avais jamais eu de copains garçons, à part quand j’étais petite. J’ai copiné avec mon voisin du dessous, qui était batteur, qui montait un groupe, qui m’avait entendu faire de la guitare. Je me rappelle du clip de Texas dans les bayous, on les voyait sortir tous ensemble nonchalamment d’un bar ou d’une maison. Je me repassais la scène en boucle. J’avais plus envie de vivre ça que d’être amoureuse. Un truc de fille unique de rêver d’avoir une bande? J’ai eu ma bande, tous les copains du groupe qui m’ont adopté, et j’ai eu mon groupe de Rock, avec des répêts, une maquette, quelques concerts, des affiches, des pass autour du cou pour le festival du coin. A dream came true. C’est même comme ça que j’ai connu le Guru du Club, on a joué la même soirée à la MJC de Villejean. J’étais une star. Je me sentais plus quand je transportais les amplis. Je prenais l’air dégagé du roadie qui fait ça tous les jours. J’étais pétrifié de trac, et pourtant j’adorais ça gratter ma guitare. J’ai même chanté dans le groupe, j’ai même écrit une chanson, que des gens ont bien aimé. Une chanson triste. Le groupe s’est séparé un an après. C’était pas encore la fin de la musique pour moi, ça viendrait plus tard.
A oui, j’écrivais Texas partout. Je l’ai gravé dans plein de savons. 3 animaux domestiques de mes amis, un chien, un chat et un hamster, se sont appelés Texas. Je ne parlais que de ça. Et ma mère me disait “ça te passera”, et je me disais qu’elle comprenait rien, que ça ne me passerait jamais. L’été 1990, on est partis en vacances une semaine sur un bateau. Je ne voulais pas y aller, pas question. je ne voyais pas comment je pouvais survivre physiquement une semaine sans regarder le clip, réellement. J’y suis allée, la mort dans l’âme, parce que j’ai toujours fait ce qu’on me disait de faire. C’était du tourisme fluvial, et en fait je marchais sur le bord de la rivière avec mon walkman vissé sur la tête, comme un malade qui marche avec sa perf.

J’ai toujours rêvé d’avoir la guitare de Sharleen, la Telecaster noire et blanche. Maintenant je peux me l’acheter. J’ai toujours cru que tout serait différent si j’avais cette guitare. J’ai peur qu’il ne se passe rien si je l’achète.

( Youtube ) TEXAS - I don't want a lover

4 commentaires:

The Guru a dit…

Moi aussi j'ai envie d'acheter une guitare, peut-être bien une telecaster. On ira ensemble ?

Anonyme a dit…

Cool d'aller acheter une guitare ensemble :) Dis moi de quelle guitare tu rêve et je te dirais qui tu es.

The Guru a dit…

gibson es 335
vigier
fender jazz bass
rickenbaker
...

Electro Girl a dit…

WAHHHHHHHHHHHHHH !!!
Quel bonheur à lire !!! Un grand merci pour ce coup de foudre et pour ces formules incroyables :
"J’étais en Terminale B, la classe des moyens partout. Ma vie était moyenne partout"...

PS : et dire que le chat aurait pu s'appeler Texas !?!!