mardi 6 mars 2007

The Hostess - Un parcours: épisode 1



ABBA - Super Trouper

On peut dire que c’est là que tout a commencé. C’est sûrement mon histoire préférée, mon histoire tout court. Et si tout était là, dans le premier disque?
Je raconte. Je devais avoir 9 ans. J’ai fait plus tard des recoupements, je crois que c’était en 1981. Je mangeais des bouchées de poulet devant la télé avec mes parents ( du poulet -que du blanc– sur du pain grillé, avec du beurre et de la moutarde, comme papa). C’était Champs Elysées. Pour ceux qui n’ont pas connu, Champs Elysées c’était tout le glamour et le strass dans le salon. Le tapis rouge, le petit coucou à la caméra des stars qui sortaient des grosses voitures. déjà fascinée j’étais, par l’entertainement à l’américaine, le Bigger than life. et là sur le plateau, le choc. Un groupe suédois, tout vêtu de blanc (dans mon souvenir en tout cas), et ils chantent “ The winner takes it all”. Je suis illico tombée amoureuse. De la chanteuse blonde aux yeux bleux au regard triste, de la musique, et de l’effet que ça fait le tout mélangé. Le coeur qui bat plus vite, la mâchoire qui se décroche. Je me rappelle très distinctement m’être ruée sur le programme télé : Télérama, en noir et blanc avec des pages journal qui font du noir sur les doigts. Tout de suite savoir qui c'est, ce qui vient de m’arriver. Un nom : ABBA. C’est samedi, va falloir attendre pour acheter le disque. Des disques j’en avais déjà, et j’avais déjà la tête qui tourbillonnait avec : Karen Cheryl, Noam, Claude François. Des 45 tours aussi, plein. Avec écrit dessus mes initiales CL12, CL22, CL37, comme papa. Déjà accro aux disques. On a dû aller dans un magasin pour chercher la K7. Je me rappelle du bac, je découvre ce qu’est un bac (au supermarché y avait pas de bacs), y en avait plusieurs dedans. A chaque fois que je choisirais un disque de Abba, je le choisirais grace à la pochette. Il fallait qu’on voit bien la blonde.
Quand on est petit il y a d’abord les disques qu’on nous offre, qu’on nous prête. Et puis il y a un jour celui qu’on choisit. J’avais un walkman, enfin celui de mon père, un Sony dernier cri, avec deux prises casques donc ma copine Géraldine pouvait écouter en même temps. Et il y avait une petite touche orange et un micro, pour se parler par dessus la musique : le rêve. J’habitais en region parisienne, avec toute la famille en bretagne. Donc beaucoup de voiture. De longs trajets. Que-du-bonheur. J’allais aimer ça toute ma vie. La route et la musique. Les nuages, les gouttes de pluie qui font la course sur la vitre, baver sur le siège quand on s’endort. et TOUJOURS le casque sur les oreilles. Abba en boucle, en boucle, en boucle. Que des rêves qui défilent, des histoires avec les paroles, les titres. Par exemple “SOS”. je lisais Tintin “coke en stock” (j'ai compris très tard le sens du titre), la couverture c’était un radeau. Donc je rêvais de radeau avec “SOS”. Je m’imaginais un peu plus grande, avec un sac au dos, j’avais plein de copains, il nous arrivait plein de trucs, comme dans le Club des cinq.
Et puis cette voix. Ces voix. Des mélodies pas croyables, qui m’emportaient. J’étais complètement accro. Un jour j’ai vu le “clip”. Ca s’appelait même pas comme ça. Quand on voyait un truc crucial à la télé, y avait pas de magnétoscope. Fallait profiter, tout prendre là tout de suite, rien ne resterait. Je me rappelle qu’elle avait une robe rouge, et que je l’ai trouvé moins belle que prévu. Vite, oublier cette déception, j’ai dû mal voir. Et puis qu’est ce qu’elle est belle quand même...qu’est ce qu’elle a l’air triste...
Abba, c’est mon disque île déserte, c’est tout ce que je veux garder. Tout y est, je ne suis jamais autant moi que quand j’entend ces disques. Toute ma vie défile. tous mes rêves, tous mes “plus tard quand je serais grande” sont là. J’ai de la chance, une chance énorme, rien n’a disparu. Rien n’est désuet, démodé, tout marche encore, comme au premier jour. Comme les amis d’enfance dont la vie ne nous éloigne pas, qui sont toujours là.
Avec Abba j’avais un système. J’avais deux grosses enceintes par terre, sous mon synthé. Je m’allongeais par terre, et je mettais ma tête exactement au milieu. Très tôt j’ai aimé la stéréo. Je voulais écrire les paroles de "The Winner takes it all". je parlais pas anglais. Je me rappelle que j’ai écrit avec un bic vert, ce que j’entendais, mon premier yaourt. Ca commençait par Alomonotoc. Beaucoup plus tard j’ai entendu I don’t wanna talk. Mais j’entend toujours Alomonotoc. et ma copine Géraldine aussi. Il y avait aussi Attaché-case (does she kiss), et maison-de-john. Celui-là je sais pas ce que c’était en vrai. Et je veux pas savoir.

( Youtube ) Abba - The Winner Takes it All


4 commentaires:

The Guru a dit…

Ouawe, j'adore!!

Je veux la suite.

Anonyme a dit…

Alomonotoc ! Génial !!! Vive le yaourt, vive champs-élisées dans le canapé avec les parents, et la suiiiite ! Viiiite !

Electro Girl a dit…

Moi ca me rappelle certains mails... ;-)

THE HOSTESS ON VEUT LA SUITE !!!!!!

Anonyme a dit…

C'est moi, LA COPINE!
Petit complément d'information : nous dansions telles des stars debout sur nos lits en guise de scène. Inoubliable.